Le Colisée était quasiment plein en cette fin d’après-midi automnale pour accueillir le « grandfather of british blues » dans le cadre du Tourcoing Jazz Festival, délocalisé à Roubaix pour l’occasion. A bientôt 82 ans, John Mayall est resté fidèle au blues, épaulé par des musiciens d’exception.
John Mayall est souvent présenté comme un découvreur de talents comme Jack Bruce, Mick Taylor, Walter Trout, Peter Green ou encore un certain Eric Clapton. Il a été l’un des premiers à importer la musique noire américaine aux oreilles des anglais au milieu des années 65, ouvrant la voie au british blues qui connaîtra une explosion quelques années après. Il tourne toujours aujourd’hui, piochant chaque soir des titres dans sa très riche discographie – 65 albums tout de même – et improvisant avec ses musiciens. Ils les présente dès le début d’ailleurs, à peine entré sur scène: à la basse, c’est le génial Greg Rzab, un virtuose qui a officié avec John Lee Hooker, Clapton, Santana, Buddy Guy ou Gov’t Mule. A la batterie, on retrouve Jay Davenport et à la Gibson LP Standard, c’est Rocky Athas. John est au clavier, au centre de la scène, avec son harmonica à portée de main et aussi une Gibson de temps en temps.
Ce soir nous avons eu droit à une setlist variée, avec des titres issus de son dernier album, mais aussi de belles surprises comme « Not At Home » ou le magnifique « Somebody’s Acting Like A Child »: chaque musicien y va de son solo, applaudi comme il se doit par le public, pourtant très sage entre les morceaux. John Mayall excelle au clavier où ses improvisations sont du meilleur cru, en plaquant des accords percussifs. Il en est de même à l’harmonica, mais j’ai trouvé qu’à la guitare, c’est pas aussi intéressant, voire même ennuyeux par moments, comme sur « Walking on Sunset » qui est pourtant un très bon morceau. « Long Gone Midnight » est par contre une pépite sur scène, Jay passe aux mailloches et John configure son clavier avec des sons très cristallins, ce qui donne une couleur particulièrement mélancolique à ce titre.
Ils terminent leur set sur la fameuse reprise d’Otis Rush « So Many Roads », où Rocky Athas livre son meilleur solo, tandis que Greg Rzab me déstabilise: lui qui m’avait scotché lorsque je les avais vus en concert en 2012, m’a jusqu’ici laissé sur ma fain. Et quand il commence son solo, c’est très libre, avec quelques notes hors tempo, quelques harmoniques: techniquement c’est surement bien, je ne suis pas bassiste, mais ça manque de pêche… et au moment où on commence à se dire que c’est un peu long, il donne tout, sa main gauche passant sous et sur le manche, les notes cascadent, le groove est là, suscitant les vivats et les applaudissements alors même que son solo continue. Lorsqu’il se termine c’est une véritable ovation. John Mayall n’est pas le dernier à le saluer d’ailleurs.
Ils reviennent très vite pour un rappel avec « California » avant de saluer pour de bon.
John Mayall a a une nouvelle fois livré un concert de pur blues-rock, où la part belle est laissée à l’improvisation. Quatre musiciens d’exception sur scène, qui se font plaisir avec une setlist audacieuse.
Merci beaucoup à Sébastien pour l’accréditation photo