La tournée « Amor Fati » de Bertrand Cantat est, qu’on le veuille ou non, La Tournée Polémique de l’année, largement relayée dans les médias qui curieusement, ont beaucoup moins parlé des concerts en eux-mêmes ou de l’album « Amor Fati » que de l’épineux sujet de la rédemption d’un homme ayant battu à mort sa compagne.

J’ai longtemps réfléchi à ce sujet. J’ai découvert Bertrand Cantat tardivement, bien après les évènements de 2003 en fait, un peu par hasard sur la compilation Climax de Bashung où Noir Désir et donc Cantat faisait des merveilles sur une reprise de « Volontaire »: une voix avec de la personnalité, rock, rauque, qui ne laisse pas indifférent. L’image même du bonhomme a anesthésié ma curiosité d’aller en écouter davantage, jusqu’à cette année avec « Amor Fati » que j’ai écouté attentivement. Tout ne trouve pas grâce à mes oreilles, mais il y a quelques merveilles comme « Amie Nuit », « Les Pluies Diluviennes », ou, dans un registre plus rock, « Excuse My French ».
Mais… il y a un mais.
Tout comme je ne peux écouter Bashung sans penser à sa disparition, je ne peux écouter Bertrand Cantat sans penser au sang sur ses poings. Je me disais qu’il faut différencier l’artiste public de l’homme dans sa sphère privée, mais à mon sens, un artiste crée de part ce qu’il vit, les épreuves comme les joies. Comment dans ce cas ne pas penser à ce qu’il s’est passé en écoutant « Amor Fati » ? Cet album aurait-il vu le jour, les textes auraient ils existé si Cantat n’avait pas tué… ? Sans doute que non et par conséquent, le terreau sur lequel son art s’exprime me met mal à l’aise.
De là à crier au scandale parce qu’il continue de faire ce qu’il sait faire, à savoir créer, composer, chanter, tourner… c’est une autre histoire : vouloir sa mort artistique tient de l’extrémisme.

Bref, je respecte ses fans qui eux parviennent à davantage isoler l’artiste, et c’était d’ailleurs impressionnant de voir ce soir l’Aéronef totalement complet, plein à craquer d’hommes, de femmes, de jeunes, de très jeunes et de moins jeunes.

La première partie était assurée par Foray, un trio électro-rock, chantant en français. Ils ont eu un très bon contact avec le public, déjà très chaud, mais ce n’était pas vraiment mon truc.

Puis à 21h, c’est au tour de Bertrand Cantat. Son groupe entre sur scène, légèrement éclairée de bleu (beaucoup trop légèrement dit le photographe), puis sous les acclamations, Bertrand arrive à son tour. Ils jouent « Amie Nuit » dont je ne vais pas me plaindre, cette chanson à la beauté obsédante étant ma préférée de l’album : le phrasé à la Brel, l’ambiance mélancolique, un texte qu’aurait pu chanter Bashung… et, petit plus du live : le magnétisme indéniable de Cantat.
Ils enchaînent sur la chanson-titre « Amor Fati », au chant beaucoup plus hip hop, énergique, la version live surpasse la version album évidemment, Bertrand Cantat est vouté, penché vers son public, le cou cassé, le regard embrassant la salle captivée.
« Silicone Valley » est le troisième morceau sur lequel les photos étaient autorisées. Un titre beaucoup plus sombre, un chant psalmodié d’une voix sépulcrale sur les vilains réseaux sociaux… pas ma préférée celle-ci.
Pour la suite… j’ai hésité alors que le groupe enchaînait sur « Sa Majesté » de l’époque « Detroit », mais entre le monde et les raisons évoquées plus haut, j’ai préféré en rester là.
Les vidéos sur youtube – à peu près le concert en entier – témoignent d’un concert dans une très bonne ambiance, un Cantat généreux et un public très chaud.

Bertrand Cantat à Lille : la setlist :

Amie nuit
Amor Fati
Silicone Valley
Sa majesté
Excuse My French
À l’envers à l’endroit
J’attendrai
Les pluies diluviennes
Ange de désolation
Ma muse
Tostaky (le continent)
Ici Paris
Lost
Anthracitéor
L’Homme pressé
Aujourd’hui
Marlène
Comme elle vient
Le vent nous portera

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles en rapport