“La musique celtique, ce n’est pas juste le finistère, c’est ce qui rassemble dans le coeur la mer du nord et la mer méditerrannée.”

C’est par ces mots que Carlos Nunez a introduit son concert ce soir, devant un public fidèle. Depuis une vingtaine d’années , il est le chantre de la musique galicienne, avec une érudition, un charisme et une simplicité qui font de ses concerts des moments hors du temps et tout simplement beaux. Que ce soit à la gaïta – cornemuse galicienne – ou aux flûtes à bec, il est l’un des meilleurs joueurs aux monde, et son CV est impressionnant : il a joué avec toute la scène celtique, de Dan ar Braz aux Chieftains, mais aussi une collaboration avec Ry Cooder et la B.O. d’un Miyazaki à son actif. Goro Miyazaki, mais quand même.

Il est actuellement en mini-tournée de la St Patrick: après deux dates au Luxembourg et avant trois en Bretagne, nous avons la chance de l’avoir à Lille.

On pourrait se dire qu’un concert de deux heures d’un genre de musique bretonne mais en Espagne, ça doit être rébarbatif. C’est tout le contraire et j’ai été agréablement surpris: Carlos Nunez, avec son groupe, voyage allègrement de la Bretagne au pays Basque, de l’Irlande à la Galice et même de Cuba au Brésil sans qu’on s’ennuie une seule seconde.

Rarement une setlist n’aura été ficelée avec autant de réussite, alternant une mise en avant de ses musiciennes, des morceaux “assis”, d’autres plus dansants, des moyen-âgeux aux plus modernes en passant par la Renaissance, d’un boléro de Ravel revisité à un “Lough Erin Shore” de toute beauté, le tout entrecoupé d’explications de vulgarisation musicologique. C’est fascinant.

Carlos Nunez est accompagné par Pancho Alverez à la guitare, Xurxo Nunez (le frère de Carlos) aux percussions, la jeune prodige irlandaise Maria Ryan au violon et au chant sur “Lough Erin Shore” et enfin, à l’accordéon, au tambourin et au sourire communicatif, c’est Itsaso Elizagoien, une jeune musicienne basque.

Mais ce serait réducteur de ne pas dévoiler les autres atouts que Carlos Nunez gardait dans sa manche. Tout d’abord, à la harpe, une autre jeune prodige irlandaise qui se paiera le luxe d’interpréter une partition datant de l’époque du Roi Arthur, sur une lyre reconstituée d’époque, avec, cerise sur le gâteau, des cordes en or, donnant un son particulier avec un sustain incroyable. La légende veut que les Celtes d’alors savaient fabriquer des cordes en or.
Mais ce n’est pas tout… Sur un morceau, alors que Carlos Nunez est à la flûte, on entend de la cornemuse. Des cornemuses en fait: c’est juste le Bagad de Lille – les Bretons du Nord – qui arrive du fond de la salle pour rejoindre la scène ! Une vingtaine de musiciens, armés de cornemuses, de bombardes et de binious, c’est quelque chose qu’il faut vivre.

Carlus Nunez va-t-il s’arrêter là ? Mais non, avec un enthousiasme communicatif, il invite des gens à venir danser sur scène, puis lors d’un andro final (enfin, le premier andro final, ils remettront ça), Itsaso Elizagoien ira chercher des danseurs dans la foule qui serpentera dans la salle, sur les côtés de la scène, sur scène… un beau moment comme seule la musique folk sait offrir.

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