De retour au Splendid de Lille pour un concert de Jimi Hendrix. Enfin de Popa Chubby qui interprète les classiques du maître. Popa Chubby s’est fait un nom en tant que renouveau du Blues, qu’il mélange avec du rock, du funk, du métal, du punk….un peu de tout en fait (même du rap sur certains morceaux).
Je suis arrivé au Splendid une demi heure avant le début du concert. Première surprise : une longue file de gens en rang ordonné qui traverse toute la place du Mont de Terre. A l’entrée, une fouille, deux contrôleurs de billets, très aimables, les gens rentrent tranquillement dans la salle. Oui ça a changé ! On remarque aussi un enclos à fumeurs devant l’entrée, une bonne chose puisqu’en effet la salle est devenue non fumeur. Le seul point négatif c’est que mon appareil photo a passé le concert à la consigne, il était jugé trop gros. Faudra m’expliquer pourquoi d’ailleurs, sachant que logiquement plus un appareil est gros, plus son optique permet de faire des photos sans flash, et donc sans gêner les musiciens. D’ailleurs il y aura pas mal de flash pendant le concert, ce qui est légèrement rageant, mais bon bref.
Je prends place sur un des côtés de la scène, la salle se remplit vite, le concert était à guichets fermés. Le public est de tout âge, beaucoup de jeunes, mais surtout beaucoup de testostérone…
A 20h30, les lumières s’éteignent enfin, et le batteur et le bassiste entrent en scène, suivi d’un mastodonte. Quand Popa Chubby tient une guitare, ce n’est pas la guitare qui est minuscule…
Sans attendre ils entament avec le fameux « Hey Joe ». C’est assourdissant. Le premier riff arraché de sa « petite » Stratocaster me vrille les tympans. Il joue très fort, mais très bien. Il enchaîne les riff à une vitesse impressionnante. Du vrai Blues dans la lignée de John Lee Hooker, BB King….ou Jimi Hendrix.
Chaque chanson dure 10-15 minutes, avec de longs soli ou Popa grimace, martyrisant sa guitare..
Ils enchaînent avec « Who Knows », c’est reparti pour 10 minutes de kilomètres parcourus sur le manche de la strato. Niveau chant, Popa à la voix qu’on s’imagine vu sa carrure, mais son micro n’est pas bien réglé, on l’entend mal. Il s’énerve contre son technicien qui ne règle pas le problème… « You won’t fuck it up this one ! »
Popa qui cisèle des riffs sur sa guitare, c’est pas vraiment un travail minutieux de tailleur de diamant, c’est plus un sculpteur sur tronc d’arbre, qui modèle une œuvre avec sa tronçonneuse avec une facilité et une précision déconcertante.
Les classiques s’enchaînent, « Foxy Lady », « Manic Depression », « Little Wing », « The Wind Cries Mary »… Popa fera quasiment le dernier tiers du concert assis, à la B.B. King. Il se donne à fond sur sa guitare, et on comprend qu’il fatigue vu son gabarit et la chaleur qu’il faisait dans la salle. Il laisse la place aux soli de basse et de batterie, qui n’ont rien de transcendants.
On a droit à « Purple Haze », et en rappel, une version hallucinée de « Voodoo Chile ». Popa s’est bien marré à jouer une version « scratch » du riff de « Voodoo Chile » : en frottant ses doigts contre la texture bobinée des cordes de la guitare, il reproduit des sons qu’un DJ ferait sur une platine. Assez marrant. Après un quart d’heure, et un Popa furieux contre le technicien qui n’a toujours pas résolu le problème de micro, Ils saluent et c’est terminé. Popa est visiblement content de son concert, fait semblant de jeter sa guitare sur ton technicien – avec le sourire -, la tends aux gens du premier rang comme si il voulait leur donner, mais la reprend au dernier moment, il la lance au dessus de lui pour la rattraper, toujours vrombissante. Le batteur et le bassiste, goguenards, rapportent un faux poids de 150 kg style cartoon pour le donner à Popa, qui leur renvoie en leur balançant dessus…L’organisateur nous indique que Popa va faire des dédicaces sur scène, et des cartons remplis de « Electric Chubbyland » sont amenés. Un Popa épuisé gribouille un truc au marqueur sur les CD que les gens achetaient ou sur les tickets. J’en ai profité pour faire dédicacer le mien, mais je ne sais pas trop si ce qu’il a signé c’est « Popa » ou « Chubby »…
Un excellent concert, il faut aimer le blues, le rock, les longs soli, et avoir les tympans solides. La qualité de son était excellente, et ca fait plaisir de voir ce type de musique attirer autant les foules. La musique de Popa Chubby s’écoute bien sur CD, mais prend une autre dimension en Live. Le triple album « Electric Chubbyland » issu des lives de cette tournée peut vous donner un aperçu de ce que donne Hendrix en plus blanc avec 100 kg de plus. On regrettera juste les chansons coupées vers 6 minutes pour que ça rentre sur le CD, ce qui nous prive de soli magnifiques.
Donc à voir en Live, surtout que Popa se balade souvent en France, ce serait dommage de ne pas profiter d’un artiste de cette trempe.