Les Delgrès font trembler le somptueux Magic Mirrors, installé sur la Grand Place de Tourcoing à l’occasion du Tourcoing Jazz Festival, avec leur dernier album “Promis le ciel”.
3ème rendez-vous avec Delgrés pour ma part, après le Grand Mix en 2021, le Théâtre Charcot, c’est cette fois-ci au Magic Mirrors, salle saisonnière et éphémère qui revient une semaine chaque année en octobre à l’occasion du Tourcoing Jazz Festival.
Le groupe de Pascal, Baptiste et Rafgee a sorti leur troisième album “Promis le Ciel” plus tôt cette année, et le trio tient la barre avec des titres toujours aussi puissants, engagés, avec des grooves qui prennent aux tripes. Ce ne sont pas mes enfants, 8 ans, casque anti bruit sur les oreilles et grands sourires aux lèvres, accrochés aux subwoofers devant la scène, qui démentiront.
Ils débutent le concert avec trois titres de leur dernier album, dont la chanson titre en entrée. Le ton est donné, les textes de Pascal mettent toujours en lumière avec une poésie rageuse les ravages de la colonisation, de l’esclavage, mais toujours avec des braises de résistance. “Pou Vou” est dans la lignée de “4 Ed Maten”, du précédent album, qui célèbre ces familles qui travaillent et qui peinent à boucler le mois. Personne n’en doutait, mais Delgrès est toujours de gauche, et leurx voix sont nécessaires plus que jamais.
Le public et le groupe prennent le temps de se connaître, de se réchauffer, et le courant passe bien. Pascal nous mets à contribution sur “Pourquoi”, nous invite volontiers au voyage avec “Mettre les voiles”, superbe ballade du dernier album.
Petite nouveauté : Baptiste délaisse sa batterie pour rejoindre ses comparses au devant de la scène, chacun sur son tabouret haut, Rafgee au centre, pour un set en mode canapé, pour reprendre les mots de Pascal. L’émouvant “En pa ni sou” et son message mettent les larmes aux yeux, jusqu’au sanglots chez mes enfants, submergés d’émotion. Sur “Vivre sur la route”, Pascal fait un grand détour, avec le sourire, à Tourcoing, et “Mr Président”, à chaque concert, est curieusement d’actualité.
Retour à l’électrique pour une cover, “Working Class Hero” de John Lennon, un titre trop méconnu de la carrière du Beatle, politisé par Yoko, qui n’avait pas que des mauvais côtés en fin de compte, mais je m’égare. La version Delgrès est solide, et Pascal assume le changement de texte sur la dernière ligne “A living black hero is something to be…”. Respect.
Belle surprise, ils jouent “Aléas”, single imparable du précédent album. Tout y est parfait. La rythmique, la mélodie, le groove de Rafgee, même le clip est génial. La version live 2024 est encore un grand moment.
Le nerveux “Respectez nou” précède la complainte blues “Pa lese mwen”, que le public commence a capella avec force clappements de mains. Un de mes titres favoris sur le dernier album. Le set se termine sur “Lamne La”, dans un style John Lee Hooker créole. Le saviez-vous ? C’est absolument pas possible de terminer un set sur ça, ça appelle tellement plus.
Ils reviennent vite pour deux dernier titres : le bien nommé “A La Fin” qui fait un peu descendre l’excitation, mais “Mo Jodi” pour conclure c’est parfait. Pascal arpente la scène pour encourager, mais le Magic Mirrors n’en a pas besoin, le public scande les “Ooouh ouhh” du riff à la slide de la version studio, le bois de la structure de la salle vibre avec nous.
C’est un magnifique concert que nous a offert Delgrès ce soir, avec une saveur particulière pour moi. Outre le fait que je l’ai partagé avec mes enfants, je me plais à savoir que la place que je traverse tout les jours, a résonné ce soir des baguettes de Baptiste, du soussaphone de Rafgee et des cordes de Pascal.
Delgrès au Tourcoing Jazz Festival : la setlist
Promis le Ciel
Pou vou
Autorisation
4 Ed Maten
Walking Alone
Pourquoi
Mettre les voiles
Set acoustique
En pa ni sou
Vivre sur la route
Mr Président
Working Class Hero
Aleas
Respectez nous
Pa Lese Mwen
Lanme La
Rappels :
A La Fin
Mo Jo Di