EZ3kiel présente son surprenant nouveau projet, à mi chemin entre post rock et livre audio, sur la scène du Splendid. Et on en prend plein les yeux et les oreilles, comme toujours avec Ez3iel.

Le Splendid est curieusement vide lorsque j’arrive, 20 minutes avant le début du concert, ce que je trouve à la fois triste et révoltant. 2 ans de mesures discutables et un soutien quasi inexistant du ministère de la culture, des reports en séries, annulation, flou sur les dates ont eu raison de la fréquentation des salles de concert, auprès d’un certain public tout du moins  : les concerts de rap affichent complet, peut être grâce au pass culture, c’est déjà ça.

Heuresement même si les préventes étaient alarmantes (150 places vendues avant le jour J) le public Lillois s’est réveillé au dernier moment et en fin de compte, la fosse du Splendid s’est bien remplie pendant la première partie, assurée par YMNK : ce dernier, tout seul au milieu de synthétiseurs modulaires (certains de son cru, plans disponibles sur son site pour les bricoleurs) a fait un excellent set d’électro-pop, à base de boucles, de son triturés, de rythmes imparables, occasionnellement de riffs de guitares électrique ensuite bouclés… du grand art, une sorte de descendant de Klaus Schulze avec 12 cafés dans les veines.

Vient le tour d’Ez3iel, à la géométrie toujours variable, cette fois-ci ils sont 6 sur scène. Stéphane Babiaud est à la batterie, en fond de scène, avec à sa gauche Jean-Baptiste Fretray à la basse. En fond de scène également, on retrouve Nicolas Puaux (tiens salut Narrow Terence) aux guitares. Et au premier plan, Johan Guillon aux guitares et claviers, au centre la magnétique Jessica Maetin-Maresco (tiens, salut le Furvent de Damasio !) assure les voix féminine et le clavier, et enfin tout a gauche, au bonnet bleu électrique, à la moustache, à la guitare et au chant et texte masculin, rauquissime, il s’agit de Benjamin Nérot.

La première partie du set est consacrée à leur dernier album, sorti quelques mois plus tôt “La Mémoire du Feu” est un concept album comme on disait dans les années 70. Articulé autour du texte l’auteur de polar Caryl Férey, l’album raconte une histoire, tantôt en texte parlé / slammé, tanttôt chanté. L’idée est déroutante, on a parfois l’impression d’entendre une parodie de Gainsbourg, mais, ce qui m’embête plus en tant qu’auditeur, c’est que ça présente les mêmes inconvénients qu’un livre audio : une fois qu’on l’a entendu, on le remet pas au début. Les titres chantés se réécoutent volontiers, mais les passages parlés, à mes oreilles, lassent vite.
Voilà pour les mauvais côtés. Le reste est excellent. La voix de Benjamin Nérot a du corps, du coeur, du sable, c’est vivant. Jessica Martin-Maresco fait des merveilles sur “Les Galions Oubliés” et “Les envies d’hier”, des textes faussement naïfs sur une musique qui ne dépayse pas chez Ez3kiel, en douceur. Montée en puissance instrumentale avec “Serpent Corail” jusqu’à l’explosion sonore de “Rouge Sang” qui contraste avec sa batterie anarchique, ses riffs d’alarmes, c’est un morceau qui prend toute sa mesure en concert et c’était parfait ce soir au Splendid.

Je n’ai malheureusement pas pu assister à la deuxième partie du concert, mais rien que les rappels devaient valoir d’y jeter une oreille ou deux… “Les Dingues et les Paumés” de Thiéfaine et le classique “Versus”, ça devait être sympa.

EZ3kiel continue de surprendre, se refuse à toute étiquette, ou alors les invente (ils font de la post-chanson). Leur musique, très organique, se vit en live, surtout avec “La Mémoire du Feu”. Le travail sur le son, les ambiances, le charisme des voix de Jessica et Benjamin, sans oublier les lumières, toujours extrêmement travaillées chez Ez3kiel, font qu’il n’y a aucun excuse de ne pas se rendre dans les salles de spectacle.

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