Le concert inespéré en plein mois de juillet avec la sensation du blues moderne, l’extravagant Fantastic Negrito fait une escale à Lille dans sa tournée européenne. Attention : concert d’anthologie.

Ca fait quelques années maintenant que j’écoute Fantastic Negrito, Xavier Amin Dphrepaulezz de son vrai nom. Il a fait un perfect en sortant 3 albums,  The Last Days of Oakland en 2016, Please Don’t Be Dead en 2018 et Have You Lost You Mind Yet ? en 2020, tous les trois couronnés du grammy du meilleur album de blues moderne. Mais au delà de la reconnaissance du métier, il est surtout un artiste unique dans le paysage musical. A 12 ans il quitte le domicile familial, il deale comme ses copains. A 18 ans il découvre Prince, musicien autodidacte et décide de faire pareil. Il a eu une première carrière à la fin des années 90, sous le nom de Xavier, dans un style R’n’B. En 1999 il frôle la mort dans un accident de voiture et passe 3 semaines dans le coma. Ce qui lui permet de rompre son contrat. Il reprend une boîte de nuit clandestine, s’exile à Oakland, achète une ferme et arrête la musique. Difficile à suivre le Xavier. Mais en 2014 il s’y remet, il joue ses compos dans la rue, s’affranchissant du carcan des maisons de disques qui voulaient le mettre dans des cases. Il définit sa musique comme “black roots”, et amalgame ainsi le blues, la soul, le rhythm and blue ou le hip-hop pour faire… Fantastic Negrito.

Après le succès rencontré par ses trois albums entre 2016 et 2020, son quatrième album “White Jesus Black Problems”, inspiré de son arbre généalogique sort en 2022 : sa grand-mère écossaise blanche vivait en union libre avec son grand-père, esclave de la 7eme génération remontant jusqu’en 1750. Autant dire que la transgression et l’activisme sont dans le sang de Fantastic Negrito.

Sa venue a Lille est précédée par une réputation de showman comme il en existe peu. C’est peut-être ce qui a motivé Verone a produire son concert en plein mois de juillet, malgré la concurrence des festivals, des vacances des gens qui peuvent se permettre de partir et des JO qui n’allaient pas tarder à démarrer. Le Splendid ne sera pas rempli, mais, compte tenu du contexte, l’affluence sera tout de même remarquable, et l’américain aura pu apprécier l’accueil caractéristique du public belgo-nordiste.

Il visitera tous ses albums, avec des immanquables comme “Plastic Hamburgers” en rappel, ou “Crooked Road”. Avec ou sans guitare, de temps au clavier pour des moments bien funky, il deroule au gres de ses envies. J’ai shooté la setlist, qui n’en est pas une, juste une liste des tempos, il improvise son concert en piochant parmi 19 titres. C’est assez rare pour être souligné. “An Honest Man” restera un de mes moments favoris de ce concert, un dark blues habité par un Fantastic Negrito halluciné, baigné de lumière rouge.

N’oublions pas son groupe, dont je n’ai pas saisi les noms, mais on est clairement sur de l’excellence capable d’improviser au gré des facéties de Fantastic.

Il nous gratifiera d’une nouvelle chanson “California Loner”, pour son père qui l’a abandonné, s’aventurera sur de la reprise gospel avec le tradittionnel “This Little Light Of Mine” et même de la ballade avec le “Hope Someone Is Loving You”, aux paroles qui font mal.

Un immense merci à Verone d’avoir pris le risque, des artistes de cette trempe sont rares par chez nous, et ce concert fera date.

 

Un merci tout particulier à Tiphaine, pour ce concert et tant d’autres !

 

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