Après deux ans d’attente, ca y est ! Le plus grand festival de l’imaginaire ré-ouvre ses portes à Mons, en Belgique, pour accueillir des auteurs, des peintres, des artisans et des musiciens. Cette édition ne démérite pas par rapport aux précédentes avec à chaque fois un succès renouvelé.

IlianA

Le premier groupe à se produire ce soir est IlianA, un groupe donc je vous ai déjà parlé ici plusieurs fois. Cette fois ci, la grande scène du Lotto Mons Expo est à eux !
Petit changement dans le groupe (mais de taille, le jeu de mot est facile): Fab, le joueur de didgeridoo a quitté le groupe, et a été remplacé par un certain Luka, qu’on a déjà pu voir dans un groupe du nom d’Omnia… oui rien que de ça. Il a rejoint son ancien compère dans ce même groupe, Mich et apporte son slideridoo au sein du groupe belge.
Hormis Mich Rozek à la batterie donc, on retrouve Dominic Marchal à la guitare tout à gauche de la scène, à côté de lui – quand il ne bouge pas trop – Stephan Kesenne et son violon, et enfin, l’envoûtante Lucille au chant, aux flûtes et au bodhran.
Premier constat : ça bouge. Le groupe a incroyablement progressé depuis que je les avais vu en septembre dernier. L’osmose entre eux est visible, même si la tension l’est aussi au début du set. Mais comme le public est au rendez-vous, se prend au jeu, le groupe se détend aussi.
IlianA a joué des titres énergiques, issus de leur EP paru l’année dernière, avec notamment “Vasle” en ouverture, Luka ajoutant son timbre profond aux chœurs.
“Brenn” est l’occasion de bien réveiller la fosse qui clape le rythme des mains, au fond de la salle des couples dansent. C’est bel et bien parti.
Nous aurons droit à plusieurs morceaux inédits à venir sur leur premier album à paraître cet été -vivement ! – avec des ambiance toujours aussi propices à l’évasion. Sur un des morceaux, particulièrement rythmé, Stephan s’assied au cajun, et il crée avec Mich et Lucille une ambiance très tribale; c’est un des nouveaux titres que j’ai hâte de pouvoir ré-ecouter c’était puissant.
Le slidegeridoo de Luka se marie très bien ave cl’ensemble, et même si ce n’est que leur deuxième concert ensemble, l’alchimie est déjà là.
Ils jouent évidemment la chanson emblématique du groupe “IlianA” avec Stephan, l’archet entre les dents sur l’intro pour jouer en pizzicato, la batterie de Mich qui donne envie de taper du pied… un très bon moment en live.
Hélas, leur set est court, festival oblige, ils n’ont qu’une heure. Pour terminer ils nous jouent “Linaun Dance”, le rythme s’accélère, l’ambiance se fait festive, et ils laissent un public conquis et qui en redemande lorsqu’ils terminent sur une “Gavotte”.

Le groupe continue sur sa lancée, et confirme le fait que c’est une valeur plus que sûre, et que le meilleur reste à venir
Le son est parfait, et c’est peut être malheureusement le seul groupe pour lequel ce sera le cas ce soir.

L’Effet Défée

Le deuxième groupe, qui a la lourde tâche d’enchaîner après IlianA est l’Effet Défée, un groupe qui vient de Rennes, pour nous laisser entrevoir leur monde pour le moins singulier.
L’Effet Défée est un quator atypique, emmené par Maude Trutet au chant et à l’harmonium, Vincianne Tronson à la harpe, sur laquelle on a branché des pédales d’effets, Kevin Toublanc à la basse et Boris Louvet à la batterie. OUi, une basse et une batterie: changement d’ambiance garanti.
Je m’étais renseigné avant le festival sur ce groupe, ils proposent quelque chose de différents, forcément ça m’intéresse. Ils ont fait une première partie d’un concert de Magma, là ça me fait tilter… Ils se font un petit nom dans la scène du rock progressif expérimental… haha ! L’univers médiéval fantastique torpillé par le prog ?
Mais je n’avais pas trouvé de lien satisfaisant sur youtube pour découvrir comme il se doit, donc j’ai assisté au concert sans trop savoir à quoi m’attendre.
Et j’ai été scotché.
La voix de Maude s’élève aussi facilement qu’elle se casse, tantôt murmurante, tantôt hurlante, tantôt percussive… Je ne ferais pas de comparaison de voix, qui est l’une des plus belles voix entendues récemment. Elle chante avec tout son corps, tendu, en extension, prenant des attitudes de danseuse classique. Le genre de voix qui ne peut se contenter de chantonner une mélodie, elle habite son corps, et par extension leur musique. Il va falloir aller les écouter fissa. C’est juste magnifique.
Elle s’accompagne à l’harmonium, un instrument présent dans les orchestres indiens, donc forcément elle a toute ma sympathie (on peut en entendre dans les groupes de qawwali comme celui du regretté Nusrat Fateh ali Khan).
A côté d’elle, Vincianne joue de la harpe, mais els sons qui en sortent, sont modifié par une pédale d’effet qui donne une couleur particulière au morceau: elle peut aussi bien sonner comme un piano, couplé à la basse, ça fait jazzy,  avec de l’echo ça fait une ambiance éthérée… Un groupe qui ose.
La section rythmique aussi d’ailleurs, et n’hésitent pas à se tourner vers le hardcore, avec des thèmes bruitistes, dérangeants. Détonnants surtout. La beauté d’une mélodie émergeant des nappes sombres des vrombissements dela basse est terrible.
Pour le texte enfin, issu de l’imagination de Maude, c’est du français… mais dit à l’envers. C’est très troublant. Une raison de plus pour acheter leur album, parce que malheureusement en live le son n’était pas parfait, du moins depuis les crash-barrières devant la scène.
Le public semble avoir du mal à accrocher, c’est vrai que la différence avec IllianA et Faun, le groupe suivant, est de taille. Mais au final, les réactions seront  tranchées : soit on a adoré, passant outre le côté “moi je voulais continuer à danser !”, soit on a pas accroché. Pour ma part, je pense que c’est assez flagrant. Le CD tourne en boucle, d’ailleurs au moment ou j’écris c’est “X Imam 1”.

Ecoutez les, découvrez les, laissez leur une chance de vous évader dans leur monde si particulier, achetez leur album “Al Trop”, ils le méritent amplement. Et s’il passent près de chez vous, allez découvrir la grâce chaotique de l’Effet Défée.
Merci beaucoup aux organisateurs d’avoir invité ce groupe d’ailleurs.

Faun

Ca y est, enfin, je vais voir “Faun” en live ! Après deux ans d’attente, ce groupe allemand est accessible. Je les avais découvert via Omnia, les deux groupes ayants des accointances proches, les uns enregistrant avec les autres à l’occasion. Et c’est sensiblement le même genre, bien que Faun aille un peu plus loin dans leur recherche musicale dans le sens ou le concept du groupe est de jouer de la musique médiévale, folk, avec des touches d’électro.

Le groupe est emmené par le charismatique Oliver Sa tyr, sa grande silhouette et ses cheveux blonds m’empêchent de ne pas évoquer la ressemblance avec un elfe tout droit sorti de la Lothlorien. Il joue du bouzouki, de la nyckelharpa et chante.
A sa droite, la sublime Fiona Ruggerberg, qui n’aurait rien à envier à Galadriel au passage, est multi-instrumentiste. Elle joue des flûtes, de la flûte harmonique, de la cornemuse, et une sorte de croisement entre un basson et une flûte harmonique dont le nom m’échappe. Ah, et elle chante aussi.
Derrière elle, dreadlocks-man Niel Mitra, planqué derrière deux macs: ils s’occupe des programmations et autres boucles d’effets.
De l’autre côté de la scène, le désarmant Rüdiger Maul, percussionniste de génie, qui joue d’instruments aux noms étranges comme darbouka, davul, bendir,  tamborello ou riq. Il est incroyable, j’y reviendrai.
Et enfin, à la harpe, à la vielle à roue et au chant, il y a Rairda, arrivée dans le groupe l’été dernier.

Tête d’affiche de la soirée, le groupe est attendu de pied ferme par le public. Le groupe investit la scène, et d’ores et déjà donnent une impression de professionnalisme, de sérieux désinvolte, de passion pour la musique qui force le respect.
On ne sait pas où regarder, la scène est le théâtre d’un duel entre deux virtuoses: Fiona, dans sa robe blanche immaculée et son sourire serein, joue un “Andro” à la cornemuse alors que de l’autre côté Rüdiger, une darbouka géante entre les jambes, virevolte sur scène, penché vers le public. Ces deux là savent y faire. Du fond de la scène Niel a lancé les boucles qui donnent à ce morceau traditionnel une couleur très actuelle. Le mariage pourrait être raté, voire kitsch, l’exercice n’est pas si facile. Faun y parvient à merveille.
Pour “Rosmarin”, Oliver donne de la voix. Une voix pure, juste, et il faut bien ça pour rendre un chant en allemand joli à mes oreilles ! Rairda et Fiona assurent discrètement les chœurs sur ce morceau, mais elle passent au chant principal sur “Da Que Deus”. Rairda y joue aussi de la harpe. Le seul reproche que j’aurais quand à la prestation de Faun – outre sa durée, j’y reviendrai – a été justement Rairda, j’ai trouvé que le chant harmonique avec Fiona n’était pas au top. J’ai l’habitude de la version CD avec l’ancienne chanteuse Lisa Pauwelke, donc peut être que cela a joué, tout comme la qualité du son qui n’était vraiment pas terrible de là ou j’étais. Fiona, avec une facilité désarmante, passe de la flûte à la cornemuse qu’elle maîtrise aussi bien l’une que l’autre.
Ils jouent ensuite “Zeitgeist”, un morceau que je ne connaissais pas avant d’enchaîner sur mon favori du groupe “Iyansa”. Pour l’occasion Rüdiger a pris deux gros maillets, et joue d’un énorme tambour sphérique, style japonais, depuis le devant de la scène, et martèle un rythme, lent, lourd très chorégraphié. Fiona joue tour à tour de la flûte harmonique et son équivalent dans la famille des bassons, avec un son aérien et profond. Et de temps elle chante aussi, en scandant “Ilubatai ilubatai ilue iye ilubatai, Ilubatai ilubatai ilue iyansa” avec Rairda. Ce morceaux est vraiment particulier, hypnotique, s’accélère pour nous plonger en transe. Un grand moment de musique tribale.
Noyés dans la fumée – Faun aime beaucoup les machines à fumée – ils jouent ensuite un autre morceau que je connaissais pas avant de jouer l’instrumental “Rhiannon”, les rythmes rapides enchantent le public qui est très chaud. Le groupe maîtrise parfaitement l’exercice, comme ils semblent jouer souvent ce titre. Je remarque d’ailleurs que nous n’avons eu aucun morceau de leur dernier album, sorti l’année dernière, plus acoustique. Ils ne semblent le jouer que lors des tournées allemandes, et sans Niel Mitra du coup.
Oliver annonce qu’ils jouent leur dernier morceau, mais qu’ils pourront peut être en jouer un autre après si tout se passe bien. Quoi ? Déjà ? C’est une honte ! Mais oui, ils n’avaient que 75 minutes pour leur concert. Voyons le bon côté de la chose, sans ce festival on n’aurait pas pu les voir du tout… mais c’est frustrant !
Ils jouent donc “Tinta”. Oli est à la Nyckelharpa, la scène est baignée de bleu sombre entre deux volutes de fumée, et la voix aérienne de Rairda s’élève au dessus de tout ça. C’est une ambiance mélancolique, mais qui termine en beauté ce concert.
Comme promis on a droit à un dernier titre avec “Wing & Geige”, Oli toujours à la nyckelharpa. Le public bat la mesure… en veut plus mais… les impératifs sont clairs. Ils saluent, visiblement heureux et soudés, avant de laisser place au dernier groupe, les Medieval Baebes.
Je ne parlerai pas beaucoup de ce dernier concert pour deux raisons : je n’ai pas accroché du tout et je n’ai assisté qu’aux deux premiers titres… Les Medieval Baebes sont un girls band anglais composé de 8 choristes, d’un batteur et d’un guitariste. Je n’ai pas vraiment été touché par leur musique, encore sur le petit nuage de Faun…

Faun était à la hauteur de mes espérances. Un groupe très pro, qui a su composer des titres qui se renouvellent toujours. Le mélange du moderne et de l’ancien  fonctionne parfaitement. Il me faudra à tout prix les revoir en espérant qu’ils passent dans nos contrées lointaines plus souvent. Ils nous ont déjà donné rendez-vous l’an prochain aux Anthinoises… c’est noté !

Merci beaucoup à l’organisation de Trolls & Légendes pour le pass presse, et un merci tout particulier à Nikko et Tiphaine et la DTC pour cette journée du samedi.

/s commentaires
  1. You’re welcome.
    C’était une super journée et Faun a été pour moi une très bonne surprise.

  2. Bonjour, j’ai beaucoup aimé votre article que je lis en boucle (je connaissais déjà Faun, je les avais déjà vu et j’ai beaucoup aimé votre compte-rendu).

    Je me suis permise de publier votre compte-rendu sur mon blog, en précisant bien entendu qu’il n’était pas de moi mais de vous. Cela vous pose-t-il un problème ? Si oui, dites le moi et je l’enlèverai.

    Merci

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles en rapport