Le Festival Ground Zero organise en novembre sur Lille une multitude de concerts dans les salles de spectacles du coin. En ce lundi soir froid et pluvieux, nous allons (enfin) voir Moriarty au Théâtre Sébastopol, histoire de se réchauffer.

Ca fait plusieurs fois qu’on loupe les américano-français de Moriarty qui étaient déjà passés dans le coin à plusieurs reprises, mais faute de temps on avait pas pu les voir. J’aime assez leur premier album, enfin surtout les singles comme « Jimmy » que tout le monde a du entendre à un moment ou un autre en 2008. J’aimais moins la seconde partie de l’album, très (trop) calme à mes oreilles, le style étant un peu trop minimaliste. J’ai compris hier soir pourquoi en les voyant sur scène, là ou s’exprime parfaitement leur musique.
J’ai donc sauté sur l’occasion de Ground Zero Festival pour les voir dans le cadre majestueux du Théâtre Sébatopol. J’avais obtenu une accréditation photo, mais arrivé sur place, la responsable ne trouve nulle part mon nom… arrive au même moment Rosemary, chanteuse du groupe, qui justement vient ajouter des noms à la guest list, le manager ayant oublié de les transmettre. Elle me donne son accord pour les photos en passant, vraiment très sympathique.
On s’assied au balcon, premier rang, on a une belle vue sur toute la salle. C’est le paradoxe du Théâtre Sébastopol : salle magnifique, mais une véritable plaie pour les photographes: pas de zone réservées, pas d’espace devant les sièges…
Pour la première partie, assurée par Shannon Wright, je me faufile jusque qu’aux loges sur le côté droit, mais pas moyen de prendre des photos convenables: lumières plus que minimalistes, musiciens en noir, …et en plus je n’aime absolument pas la musique, ce qui  n’aide pas. Je suis assez hermétique à ce trio guitare grasse avec uniquement les cordes graves qui sont jouées, basse (trop) vrombissante et batterie. Shannon Wright quand à elle, regarde ses pieds, sa guitare, ou tourne carrément le dos au public. Ce fut long.
Je descend dans le parterre pour le début du set de Moriarty, c’est quand même mieux niveau éclairages. Et aussi au niveau musical bien sur.
Pour situer, Moriarty est ce qu’on pourrait appeler un groupe de folk-blues minimaliste avec des accents jazzy. Donc un OVNI dans le paysage musical français actuel, mais un OVNI qui a réussi son pari et qui marche, « Gee Whiz But This Is a Lonesome Town », leur premier album, à connu un très bon succès critique et public, ce qui est assez rare.
Le groupe est composé tout d’abord de Rosemary Moriarty, chanteuse à la voix étonnante, magnifique, dans un style très « jazzy années 30 ». Elle a une présence troublante sur scène.
A ses côtés on trouve Thomas Moriarty à l’harmonica et à l’accordéon, le chevelu et chamarré Arthur Moriarty à la contrebasse ou à la guitare électrique, Zim Moriarty à la basse et à la guitare acoustique, la rock-star Charles Moriarty aux guitares (même slide !), accompagnés par le batteur Vincent Talpaert (ou Moriarty…)

Pour cette tournée, ils jouent pas mal de morceaux de leur second album… pas encore sorti à ce jour ! Il est prévu pour la fin de l’année, et ils le rôdent sur scène avant, chose que je trouve tout à fait louable.
Les nouveaux morceaux sont fidèles à l’ambiance Moriarty : une folk minimaliste, parfois oppressante, un soupçon de folie… Cette fois il y a un peu plus de guitares électriques, mais ça ne change rien à la donne, leur musique intemporelle qu’on placerait quelque part entre les années 30 et les fifties prend des accents seventies parfois. Le prochain album s’annonce au moins aussi bon.
Très bonne ambiance sur scène, la contraste avec le première partie est saisissant, Arthur blague avec le public, en français ou en anglais, Charles sautille sur ses jambes en caoutchouc…
On a bien sur droit à quelques morceaux issu de « Gee Whiz… », magnifiés en live, avec notamment le superbe « Lili », la voix de Rosemary partant dans les aigus sans problèmes, sur un texte sombre mais magnifique.
Et c »est là surtout, ce que j’ai manqué avec Moriarty jusqu’ici: les textes. Moriarty s’écoute au calme, en écoutant attentivement les paroles, qui évoquent une Amérique post rêve-américain, les motels de bords de route, les drive-in ou le cabaret de campagne, ou comme cette chanson sur le plus jeune condamné à mort à l’âge de 15 ans… des thèmes pas toujours drôles, mais leur musique n’est pas triste pour autant, c’est là leur grande force: une ambiance unique sur scène, avec Rosemary qui pose une ambiance avant certaines chansons, jouant des textes, et surtout chantant avec sa magnifique voix… c’est excellent; elle nous a notamment raconté l’histoire d’Ulysse et Circée, et de ce que sont devenus leurs progénitures…
A propos de Rosemary justement: une Voix avec la majuscule, une voix qui a du coffre, du cœur… Ecoutez des extraits sur le myspace si vous ne connaissez pas, une voix si atypique, à l’aise dans les aigus comme dans les grave, ça mérite d’y jeter une oreille ou deux…
« Jimmy », joué au devant de la scène, tous unis derrière un seul micro, rythmés au son des claquements de doigts du public… un très beau moment que vous pouvez retrouver en vidéo ci dessous:

Le morceau a été salué par des applaudissements nourris, ce qui fait plaisir au groupe bien sur, mais il faut en garder pour les autres… Et les occasions ne manquent pas avec les nouvelles pépites qu’on aura le plaisir d’entendre à nouveau sur leur prochain album.

Un concert hors du temps, perdu dans cette Amérique profonde, avec un groupe très sympathique et doué: voilà le bilan de cette soirée excellente. J’attends avec impatience la sortie de leur prochain album, et en attendant, je redécouvre « Ghee Whiz… ».

Merci beaucoup à Rosemary pour l’accréditation photo de dernière minute ainsi qu’à Chloé du théâtre Sébastopol.

1 commentaire
  1. Maxime, mes hommages!

    Inconditionnel de Moriarty depuis bien longtemps, merci pour cet article qui décrit avec fidélité le moment que tous les chanceux spectateurs du Sebastopol ont pu apprécié.

    Ca faisait effectivement du bien d’écouter de vraies mélodies après la prestation furieuse de Shannon Wright qui a du donner des acouphènes à plus d’un!

    Quant à vos clichés, ils sont également des plus sympathiques. Une Rosemary de toute beauté. Comme à l’accoutumée! Entourée de compères les plus enjoués et talentueux les uns que les autres. Des scènes bien saisies. Chapeau bas!

    Certaines de vos photos seraient-elles d’ailleurs dispo en format un peu plus grand qu’ici svp? (pour usage non commercial of course!)

    Merci par avance et bonne soirée!

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