Les néerlandais d’Omnia ont été invités à participer à ce petit festival à 20km de Lille. Omnia étant une drogue dont on devient très rapidement accro, nous voilà partis à Wervicq pour revoir ces charismatiques musiciens dans une configuration plus intimiste qu’à Trolls et Légendes.
Le site du Celtic Night Festival est perdu au milieu de la campagne belge, le cadre idéal pour un concert comme celui là. Un lieu agréable, un accueil et une ambiance qu’on ne trouve que chez nos voisins belges, une bien belle façon de terminer un week end de braderie éprouvant, en respirant l’air frais face au soleil couchant en écoutant la musique du premier groupe à passer sur scène.
Il s’agit de Folgazan, un groupe flamand qui mêle la musique celtique avec de fortes influences pop, un peu dans le style des Corrs, mais vraiment un peu. Un groupe sympathique, dont je n’ai pas compris un mot malheureusement vu qu’ils parlaient flamand entre les morceaux, mais qui a fait bouger les gens en les invitant à danser dans l’espace vide devant la scène. Très bonne ambiance, et un groupe agréable à écouter, on peut les découvrir sur leur myspace.
La scène est vide débarrassée, les silhouettes des membres d’Omnia s’affairent sur et autour de la scène pour installer et régler leurs instruments et leur micros devant un public bien plus dense.
Pour rappel, Omnia est à la base un trio emmené par Steve Sic, qui serait une bonne définition au mot “charisme” dans le dictionnaire. Il joue un peu de tout, de la guitare celte aux flûtes celtes en passant par des percussions (plus ou moins celtes), et bien sur il chante.
Sa femme Jenny chante également, et joue aussi de la harpe ainsi que de la vielle à roue et du bodhran.
Luka lui joue du slidegeridoo, un didgeridoo bricolé pour joué des sons plus ou moins graves en le faisant coulisser.
Joe Hennon était aussi de la partie à la guitare, tout comme Tom, le nouveau batteur qui a remplacé Mich Rozek depuis le départ de ce dernier cet été.
Une fois les réglages faits, Steve nous demande s’il faut qu’il repartent derrière pour faire leur entrée alors qu’ils sont déjà là. Malgré les “non” dans 2 ou 3 langues différentes, ils repartent quand même pour laisser la place à l’organisatrice du festival qui les présente d’abord en flamand puis en français.
Luka, Steve et Jenny entrent seuls sur scène, et Jenny entame ce concert sur un chant magnifique: “Dulaman”, une prière aux dieux des mers, qui débute “a capella” et ensuite scandé avec les percussions. L’ambiance est posée, la communion avec la Terre s’installe, et se poursuit avec l’introduction de Steve sur le morceau suivant, qui invoque le dieu Cernunnos avant de jouer “Tine Beltaine”. Tom et Joe les ont rejoint sur scène. Le nouveau batteur est vraiment doué, fait du très bon boulot, pour ma part je regrette juste l’utilisation abusive de la caisse claire, dont le son ne colle pas avec l’ensemble à mes oreilles.
Steve bavarde toujours entre les morceaux avec le public, avec son humour cynique il se met le public dans la poche sans forcer. Là où il est vraiment fort, c’est que même si la setlist ressemblait beaucoup à celle entendue à Trolls & Légendes, les vannes ne sont pas les même. Il improvise constamment, comme lorsqu’il à invité – imposé même – à un gars s’étant fait tatoué le logo “Omnia” sur le cœur de venir le voir après le concert pour l’engager comme manager !
Ils jouent “Alive” qui perds de son charme avec la nouvelle ligne de batterie, mais l’ambiance est là, c’est le principal.
Le morceau suivant est inspiré de Lewis Carrol: il s’agit du superbement mystérieux “Jabberwocky” inédit sur CD à ce jour… Steve joue avec une épée tout en racontant cette histoire, immédiatement enchainée sur le subtil “Fairy Tale”, lui aussi inspiré par Lewis Carroll.
Steve présente ensuite Joe, tout content de jouer chez lui, en Belgique. Il interprète le très beau “Were You At The Rock ?”, mélodie sans rythme dans le style irlandais, enchainé avec “Richard Parker’s Fancy” où le reste du groupe accélère le morceau qui avait débuté calmement.
Même s’ils ne semblent pas en grande forme – ils ont tous plus ou moins un mauvais rhume, si ce n’est pas la grippe A, d’après Steve ce serait à cause de ces mexicains qu’ils ont croisé… – surtout Luka qui a l’air de bien souffrir entre les morceaux, le concert est terriblement vivant, les sourires sont accrochés sur les visages des deux côtés de la barrière.
Steve ramène un peu le calme après ce morceau pour jouer l’œuvre d’un autre grand nom de la littérature fantastique : “The Raven” d’Edgar Allan Poe. Il commence en récitant, sur une légère musique filant des doigts de Jenny sur sa harpe. Luka, droit comme un “i”, semble prier. Le silence est de mise, seuls les déclics des reflex des photographes troublent l’ambiance, j’arrête de prendre des photos et me met sur le côté lorsque je m’en rend compte. Le texte magnifique est vécu par Steve qui s’investit à fond dans son morceau, jusqu’au fameux “Nevermore” final où il délaisse le micro central pour mettre un genou à terre, la tête vers le sol, au fond de la scène pendant que Jenny, Joe et Luka finissent la mélodie. Les applaudissements fusent avant la fin du morceau, ce que Steve ne manquera pas de nous faire remarquer, une fois son sérieux laissé de côté et le retour à une ambiance plus festive.
Ils jouent ensuite une gigue, qui contraste en effet avec “The Raven”, puis de nouveau un morceau très inspiré par la littérature: “Wytches Brew”, réécriture de MacBeth de Shakespeare à l’intention de Monsanto, unanimement maudit par les sorciers sur scène et leur public.
Autre ambiance avec la prochaine chanson, qui, comme nous l’annonce Steve, est dans le style de langage revendicatif d’aujourd’hui : c’est du rap. Il nous demande de ne pas les juger avant d’avoir écouté, et en effet, c’est pas si mal. L’effet de surprise n’est plus le même qu’à Trolls & Légendes où ils avaient fait le même coup: un titre rap avec la gestuelle de circonstance ! La première partie de “Dance Until We Die” est dans ce style, la seconde est plus “pop”, Steve reprend sa guitare, prend des postures de Guitar Hero et chante normalement. Chose assez ironique, c’est la première partie que j’ai le plus apprécié !
“Auntaluonto” vient ensuite, dans un tout autre style: début avec des guimbardes, chant incantatoire de Jenny, montée en puissance avec un final extatique, Steve et Jenny – Stenny- main dans la main: la puissance du morceau est vraiment intense et prend toute sa dimension en live.
Steve nous présente ensuite Tom. Ceux qui l’avaient déjà vu devaient crier “yeah”, les autre devaient crier “uh?”. Tom nous a ratifié d’un solo de batterie dans la tradition des groupes de jazz puis de rock, et il est vraiment à l’aise ! Très technique, mais très doué, son solo en a scotché plus d’un.
Ils ont ensuite joué le sublime et entraînant “Dil Gaya”, résonnant aux sons du slidegeridoo de Luka. Steve avait l’habitude de dédier ce morceau à George Bush qui considère l’Afganistan comme “un gigantesque parking à tanks”, mais Bush n’étant plus au pouvoir… il l’a dédié aux Afghans, non sans faire passer son message: Bush n’est plus là, mais il y a toujours autant d’américains en Afghanistan, et tant de sourires de la part de la Maison Blanche, ça ne peut qu’être louche !
A lire ce compte rendu et sans connaître, vous pensez peut être qu’Omnia et Steve tout particulièrement est encore un de ces groupes moralisateurs. C’est très différent avec Omnia, qui sont on ne peut plus fidèles aux messages qu’ils délivrent en concert, leur musique étant un prétexte pour ouvrir les yeux du public à un autre mode de vie.
Let virtue distinguish the brave
Place riches in lowest degree
Think them poorest who can be a slave
Think them richest who dare to be free
Steve nous raconte de belles choses en introduction de leur dernier morceau, un message écologique sans la connotation politique à laquelle le mot “écologie” est malheureusement associé, un message qui ne cherche pas la révolution, selon Steve on ne peut pas changer le monde, il a essayé… mais on peut se changer nous-même.
Si on vit en harmonie avec la Terre, si on se respecte soi même et qu’on respecte la Terre de nos ancètres, si on change soi même, on change la Terre sur laquelle on vit.
Un message qui mérite qu’on y réfléchisse, et pourquoi pas en musique, par exemple “En Avant Blonde”, le solo de harpe magnifique de la magnifique Jenny, qui se poursuit sur “Etrezomp Ni Kelted”. Refrain entraînant, une osmose musicale parfaite. On en redemande.
Et évidemment
, ils reviennent. La question de savoir ce qu’ils vont jouer ne se pose même pas, étant donné que pendant tout le concert, des fans réclamaient “Morrigan”, Steve lui même s’amusait du rappel où tout le monde sait que ce sera “Morrigan”. Il faut dire que ce morceau est indispensable à un concert d’Omnia: son début calme, son texte mi chanté, mi chuchoté, les percussions qui se lâchent, la flûte qui se fâche, le final violent, et surtout, cette communion avec le public qui crie “Kill! Maim! Fight! Slain! Die!” en rythme. Un grand moment dédié à Elle, comme le dit Steve.
Omnia se vit en concert. D’autant plus au Celtic Night Festival où l’ambiance était très agréable, les musiciens toujours proches de leur public, toujours aussi prompts à déconner. Et toujours aussi talentueux, même malades !
Un très grand merci à Ann Heyman pour le pass photo.
Très bel article, bien complet. Mais quelqu’un saurait-il me dire le titre du film que Steve avait recommandé, à propos du fonctionnement du monde, des gouvernements, ect?
Hello there!
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Merci beaucoup, it was a great night!
Greenthings
Jenny & OMNIA
J’y étais aussi – félicitations pour ton reportage !
j’attends avec impatience celui des Anthinoises !!