Soirée de clôture de l’édition 2009 du festival Trolls & Légendes, avec un programme très alléchant avec deux françaises, des américains et des néerlandais celtes… De quoi terminer en beauté, deux jours après la fantastique soirée en compagnie du Naheulband.
Les exposants du marché féerique commencent à plier bagages, une ambiance mélancolique plane sur ce festival, annonçant un dur retour à la réalité après deux jours d’émerveillement. Sur la scène, Nehl Aëlin a déjà commencé son set quand j’arrive. Le public est assez clairsemé, profitant sans doute des derniers instants du marché féerique.
La belle jeune femme est accompagnée sur scène d’un bassiste et d’une “claqueuse de doigts”… sa musique évoque dès les première secondes les modèles que sont Kate Bush et plus encore Tori Amos. Nehl chante en s’accompagnant au piano et d’une fort belle façon. Je regrette juste de ne pas avoir pu l’écouter plus longtemps. Tour à tour moderne ou jazzy, rythmée ou atmosphérique, sa musique mérite largement d’y jeter une oreille ou deux. C’est possible ici d’ailleurs.
Changement de scène pour préparer l’arrivée d’une autre française, Cécile Corbel, une harpiste bretonne accompagnée d’un violoncelliste, d’un guitariste, un bassiste, un joueur de bodhran et occasionnellement de John Lang à la flûte et à la mandoline. Sa musique, très calme, met en valeur ce fabuleux instrument qu’est la harpe. Le public apprécie, des ilots de gens assis ou allongés à même le sol se forment pour écouter rêveusement l’univers de cette artiste voyageuse qui mêle ses influences bretonnes avec les musiques du mondes. Là encore de la belle musique.
C’est au tour des américains de Woodland d’investir la scène. Ce quintet originaire de la côte Ouest des USA jouent une musique folk a cheval entre les deux continents. Le groupe, emmené par Kelly et Emilio Miller-Lopez, respectivement à la harpe et a la guitare électrique – eh oui, ce sont des américains – repose sur les harmonies de voix de Kelly et Emilio, accompagnés par un bassiste et une violoniste.
Le mélange des genres, ou le point de vue différent qu’ils portent sur la musique celtique en font un groupe à part, mais assurément excellent. Leur musique est agréable, bien qu’ils jouaient plus forts que les autres groupes… Beau cadeau de la part du festival que de nous offrir ce groupe rarement présent en Europe.
Nouvel intermède, le public s’échauffe, les tshirts noirs “Omnia” se pressent dans les premiers rangs, la salle se remplit, peut être encore plus que le premier soir avec le Naheulband. La scène est débarrassée, on amène une batterie couverte de lierre, idem pour les pieds de micros, la harpe dans le fond, et un clavier très bien camouflé lui aussi… un décor monte du fond de la scène, avec le logo “Omnia”… c’est impressionnant, ce groupe ne semble pas faire les choses à moitié… et lorsque les musiciens entrent en scène, il se passe quelque chose: oui, le fameux charisme qui fait d’un concert quelque chose de plus que “de la musique jouée devant nous”.
Mais avant de parler du concert, une présentation de ce groupe s’impose. Ils viennent des pays bas, et jouent une musique… à part. Du neo-celtique ? du Pagan-folk ? C’est plutôt un mélange de musiques anciennes, qu’elles soient irlandaises, bretonnes, scandinaves… Peu importe l’étiquette: leur musique se veut être un hommage à la terre, à la nature de nos ancêtres, à la manière des druides d’antan. Et leur conviction fait rêver.
Le groupe est composé de Sic, avec un charisme à la Robert Plant, qui chante, joue de flûtes et de percussions diverses, récite des poèmes, joue avec le public, en anglais et même en français… Il y a aussi Jenny, une voix magnifique, des doigts de fée sur sa harpe, elle joue aussi de la vielle à roue et du bodhran. Luka, avec sa voix aussi grave que son didgeridoo modifié, impose par sa présence. A la batterie, c’est le belge Mich, une batterie entièrement acoustique, sans cymbales. Et à la guitare acoustique, il y a Joe, l’irlandais du groupe.
Le concert commençe par des percussions jouées par Mich et Sic, Luka faisant vibrer son didgeridoo et Jenny à la vielle à roue. Le public réponds à cette entrée en matière à couper le souffle par des cris… il y a beaucoup de fans dans l’audience.
Sic occupe la scène avec sa grande silhouette filiforme, et à la fin du morceau, il parle avec le public, chose qu’il fera entre chaque morceau. Après quelques mots en français, il passe en anglais, avec un humour et une aisance irrésistibles. Il demande même au public de chanter un “happy birthday” pour son fils, dont c’est l’anniversaire ce soir. Tout ceci fait qu’il a le public dans sa poche dès le début du second morceau.
Ce second morceau “Aunta Luonto” est un morceau pour réveiller “la puissance de la terre sous nos pieds”. Ils scandent des phrases dans je ne sais quelle langue oubliée, au rythme des percussions allant en s’accélérant. Une partie du public entonne cette incantation avec eux: une musique qui prend aux tripes.
Après une nouvelle discussion avec le public, Sic invite sur scène leur ami alchimiste… un homme chauve avec une tenue dorée s’installe au milieu de la scène, dans une position de relaxation, et commence à jouer avec une boule de cristal sur une musique toute calme à base de flûte et de harpe. Les yeux du public s’agrandissent quand l’alchimiste commence à s’animer: ses mains, ses bras bougent autour de la boule de cristal, qui elle, défiant les lois de la gravité, ne bouge pas… sa danse s’accélère, une seconde balle roule d’un bras à l’autre… c’est visuellement très impressionnant.
Pour le prochain morceau, Sic nous apprend qu’ils ont écrit une chanson avec le fameux William Shakespeare… en effet “Wytches Brew” est une relecture de “Macbeth”, les rois d’écosse maudits par les sorcières étant aujourd’hui McDonald et Monsanto… malédiction saluée par une salve d’applaudissements.
L’énergie dégagée par ce groupe est phénoménale, et d’autant plus que leur musique est entièrement acoustique: pas de samples, pas de synthétiseur: uniquement les racines de la Musique.
Petite interro surprise de la part de Sic, qui nous présente un drapeau noir avec une croix blanche et nous demande de quel pays est-il le symbole… la réponse viendra du fond de l’assemblée : il s’agit du drapeau de Cornwall – Cornouailles en français – lieu symbolique du druidisme, donc un leiu très cher pour le groupe et dont ils se revendiquent originaires.
Il jouent une de leur nouvelles chansons, pas encore sortie sur album, mais qui ne convainc pas grand monde… c’est une composition très calme, sans grande originalité, avec Jenny au piano… un morceau assez fade, qu’on imaginerait même pouvoir passer à la radio… Pas vraiment du Omnia.
C’est pour ça qu’après quelques autres morceaux plus dans le vrai esprit “Omnia”, quand Sic nous propose d’écouter une autre nouvelle chanson, le public n’est pas vraiment emballé… et commence même à paniquer quand Sic explique qu’il s’agit d’une expérience, qu’il commence a faire le parallèle entre la musique de la nature et la musique des rues, qu’il commence à demander à la foule si on aime le rap… Assez content de l’effet qu’ils ont produit, ils se lançent, sourires de roublards aux lèvres dans un rythme en effet très moderne… et Sic chante en effet comme un rappeur : passé quelques secondes de consternation, on se surprend à se dire qu’en effet c’est pas mal… c’est même carrément bien. Un rythme puissant, Sic qui joue le jeu jusqu’au bout en faisant les mimiques stupides et en plaçant des “fucking” dans les paroles… Un bon moment, mais leur prochain album promet d’être vraiment bizarre.
Nouveau morceau plus traditionnel, avec Sic à la mandoline, qui se la joue désormais rock star. C’est aussi ce qui fait partie du succès de ce groupe: une ambiance “métal gothique”, une musique celtique originale et un humour omniprésent.
L’alchimiste est de retour sur scène pour jouer avec 4 boules cette fois – Sic le présente comme “The guy with four balls”… humour toujours – dans une nouvelle ambiance calme. Le numéro est encore plus impressionnant que lors de son premier passage, les boules roulent sur lui, volent d’un bras à l’autre, n’en faisant que rarement tomber une… puis il jongle avec, renouvelle l’opération mais yeux bandés… lorsqu’une boule termine dans le public dans l’hilarité générale sur scène, l’alchimiste finissant à terre à côté de Sic.
Le temps passe très vite dans ces contrées lointaines. Sic y va de son speech militant pour un retour aux sources, dans un très beau texte prouvant que la nature aura toujours le dessus, les herbes poussant là où le macadam a disparu et les oiseaux se faisant entendre parmi les pots d’échappements. Le talent de poète du bonhomme est la cerise sur le gâteau de ce groupe…
Un dernier morceau avant un retour en coulisses, puis un rappel ou le public savoure ces derniers instants de magie. Il repartent une nouvelle fois en coulisses, non sans avoir présenté les musiciens et l’équipe technique, et reviennent pour un dernier rappel avec “Morrigan” qui semble être un rituel d’après la phrase de Sic “We’re gonna play Morrigan…again” d’un faux air lassé. Le rythme de cette chanson parfaite pour un final scandé par le public nous laisses rêveurs quand les druides de la scène repartent en coulisses.
Omnia avait déjà une solide réputation, bâtie en seulement quelques années de tournées. Et c’est une réputation méritée, tant ce groupe dégage d’émotions, de convictions, de forces et de beautés propres à la nature. Les cohortes de fan ne s’y sont pas trompées, et vu le charisme dégagé par ce groupe, on comprend le culte qu’ils y vouent.
J’espère pouvoir revivre cette expérience, au plus tard dans deux ans à Trolls & Légendes ?
Encore une fois merci à Emilie du service presse et à l’équipe de Trolls & Légendes pour le pass photo et l’organisation de ces soirées mémorables
Voir aussi : le Naheulband à Trolls & Légendes 2009
Une petite précision, la boule que Kelvin (l’alchimiste) a accidentellement laissé s’échapper dans le public était bien une boule de cristal (ou en tout cas de verre) massif et non une boule de plastique comme vous le laissez entendre.
J’ai pu le constater en attrapant la dite boule au vol alors qu’elle fonçait droit sur moi et en la renvoyant en direction de Kelvin (qui l’a d’ailleurs un peu moins bien réceptionnée).
j’avais cru comprendre que le “jeux de mots” avec l’alchimiste et ses balles était plus que Sic faisait plaisir à la reine des fées en jouant avec les mots, tandis que Kelvin lui le faisait en jouant avec ses balles…. d’une finesse bien placée
Les boules de Kelvin sont faites en acryl. C’est un type très dur de plastique. Excuse pour mon mauvais Français : elle traduisent ceci hors des gadgets d’Apple.
Sincères amitiés,
Arvid
Les salutations d’Oregon !
These photos are amazing! I am from the band Woodland and would like to email the photographer with a request. Could you please reply at info@woodlandmusic.net
Merci!
-Lio
Du site d’1 pied ds la Marge qui soutient le groupe ANGE où j’ai présenté le groupe OMNIA, qui a fait de
nouveaux adeptes depuis :-)) !!!! je suis passée
sur le tien suite à ton message de ce jour !!!
bravo – tu as vraiment très bien écrit sur ce que
dégage le groupe – tes photos sont vraiment superbes !
j’ai un peu peur aussi, pour la sortie du nouveau cd
j’espère de tout coeur, qu’ils seront toujours en
symbiose avec la nature même si le morceau de rapp
est pas mal du tout !!!
Omnia et Lazuli sont vraiment les deux groupes pour
lesquels j’ai une petite préférence !