Orange Blossom investit la Condition Publique de Roubaix, un an après le Splendid. Mais on en redemande encore.
Orange Blossom vient de la riche scène musicale nantaise, et je les avais découvert en live au Splendid en mars 2024, mais j’étais pas prêt : leur univers musical, riche, la fusion folk rock électro, une énergie singulière sur scène… j’attendais cette date avec impatience, maintenant que j’ai bien leurs albums dans les oreilles. Et je n’ai pas été déçu loin s’en faut.
Deja, après 19 ans à shooter des concerts sur la métropole Lilloise, je shoote enfin à la Condition Publique, fer de lance de la culture street art de Roubaix, lieu d’exposition, d’échanges culturels et aussi de concerts. Cet ancien entrepôt de la grande époque textile de Roubaix a une atmosphère très excitante en soi, le bâtiment, construit il y a plus de 120 ans, est réhabilité pour accueillir la riche vie culturelle roubaisienne. Ce n’est pas sans défauts, notamment au niveau du son, mais c’est un détail comparé à l’atmosphère du lieu.
Commençons par ma frustration en tant que photographe de concert : j’étais limité aux 3 premiers titres du concert, condition tout à fait habituelles en somme. Mais pour Orange Blossom, qui démarre tout doucement, légèrement éclairés de dos, ce n’est vraiment pas représentatif du concert, donc, mea culpa !
En effet on commence en douceur pour nous amener tranquillement dans leur monde, avec « Dounia » qui ouvre leur dernier album « Spells From Teh Drunken Sirens », où Maria Hasan, la seule éclairée sur scène, brille sur cette entrée en matière. Mais elle a brillé du début à la fin donc cette observation n’est pas pertinente. Ils enchaînent sur leur morceau le plus streamé sur Spotify (24 millions à ce jour) pour « Ya Sidi ». Les percussions se réveillent doucement, avec Carlos Robles Arenas à la batterie (et aux programmations, à la composition…) et Fatoma Dembele aux djembés.
A cour, PJ Chabot au violon virevolte dans des postures très affirmées, en contraste avec son violon tout en discrétion et aux mélodies si caractéristiques du son d’Orange Blossom. Au jardin, l’énergique et versatile Léo Guérin est aux guitares électriques, tout aussi indispensables. Et au micro, comme évoqué au dessus, c’est l’impeccable Maria Hasan, pieds nus, qui s’est joliment approprié la scène depuis le Splendid il y a un an.
On enchaine avec « Ommaty » puis « Khalik » avant d’électriser un peu l’ambiance sur « Maldito », à grand renforts de riffs wha-wah par Léo. Ca commence à danser dans le public. On baisse la disto, on augmente le tempo sur « Pitcha ». La mélodie lancinante à la guitare hypnotise, Maria donne de la voix, la Condition Publique est dans la poche. Le groove de « Habibi » fait danser la foule tandis que sur « Black Box » Léo libère de gros riffs sur la voix de Maria, qui a retiré le micro de son pied et arpente la scène en cherchant les regards et les sourires du public. « Nouh al Hamam » va encore plus loin dans l’ambiance dancefloor, mais j’y adhère moins. Le dyptique « Wardah » qui calme le jeu, et « Mawj » repart de plus belle avec son riff en gamme orientale qui reste en tête et fait secouer les têtes des plus réfractaires.
On a l’effet hors du temps que procurent les concerts qui nous emmènent loin : le temps passe vite, et nous approchons déjà la fin du set. Maria et JP nous envoûtent sur « Goodbye Kô », Fatoma prend d’assaut le devant de scène armé de son djembé pour jouer avec le public pendant que le reste du groupe reste en coulisses.
Public qui ne laissera pas partir Orange Blossom sans un rappeL Voire 4.
Je suis comblé avec « Bad Company » qui est l’une de mes préférées de leur dernier album, une sorte de valse avec un riffs de guitare déchirant sur des vocalises haut perchées de Maria. Ils enchaînent avec « Die Stadt » qui surprend un peu, Maria délaisse le micro au profit de Léo qui vient chanter…. en allemand. Elle revient pour une autre pépite avec « Cariño », tout en douceur, où Léo passe à la guitare flamenco, assis sur l’estrade de fond de scène, rejoint par Carlos au djembé, ambiance feu de camp.
Ils concluront avec « Maria », avec sa mélodie au violon qu’on se surprend encore à siffloter 3 jours après.
En mars dernier, j’écrivais que c’était un groupe indispensable si on y jetait une oreille ou deux. Je ne peux que confirmer : sans connaître, le concert était déjà magnifique. En connaissant mieux leur répertoire, j’ai pris mon pied.
Dans une interview récente, ils revendiquent de toujours faire de la musique artisanale. Et c’est peut-être cela qui fait que ça touche autant de gens : une sincérité dans le propos et une maîtrise de leur art, qu’ils partagent en toute simplicité.
Revenez quand vous voulez Orange Blossom.