Peter Gabriel fait une escale au Stade Pierre Mauroy avec sa nouvelle tournée I/O. Il parle de cet album depuis 20 ans, promettant une sortie en septembre, sans donner d’année. Il n’est toujours pas sorti mais il l’a joué intégralement (?) sur scène. Des retrouvailles puissantes.

Il y a 20 ans, en 2003, j’assistai à mon premier vrai concert à Bercy, pour la tournée Growing Up. Grâce au bassiste/photographe Tony Levin, j’avais suivi les coulisses de cette tournée grâce à son Tour Diary, sorte de journal de bord où il raconte et montre ce qui se passe autour des concerts. De là est né la vocation de faire ce site. 20 ans après, j’ai eu une accréditation photo, la boucle est bouclée. Merci Tony.

Peter Gabriel a bien sorti un album de reprises orchestrales, suivi d’une mini tournée en 2011, puis une tournée anniversaire de So en 2016, mais la dernière tournée autour d’un nouvel album avec de nouvelles chansons, il faut remonter en 2003. Si on fait le calcul, c’est probablement la dernière tournée de ce style, et comble de la chance, il n’y a que trois dates en France, Paris Bordeaux et… à la maison, à Lille.
La différence avec 2003, c’est que l’album n’est pas encore sorti. Peu d’artistes osent aujourd’hui jouer 11 nouveaux titres sur les 22 de la setlist, même quand l’album est sorti ! Et pour les artistes de sa génération, à 70 ans passé, qui se contentent de rentabiliser une carrière déjà bien remplie, le parti-pris est courageux, d’autant plus dans l’optique de remplir un stade, et a sans doute du diviser une bonne partie du public. Pour ma part j’ai été conquis, malgré le son très limite du stade…

Le stade n’est en effet pas plein, loin de là, c’est triste quand on compare avec Roger Waters (qui profite allègrement du nom Pink Floyd, plus facile pour ramener du monde) quinze jours avant. En terme de scénographie, il n’a rien à lui envier, bien au contraire, mais en termes de communication, il était peut-être un peu présomptueux de vouloir remplir le stade Pierre Mauroy juste sur la popularité latente de Peter Gabriel : aucune actualité médiatique, aucun nouvel album, aucune publicité ou presque. Ajoutons à cela les prix des places qui ont explosé (à catégorie équivalente, 50€ de plus en 20 ans), on ne va pas à un concert à des tarifs pareil juste par curiosité.

Autre changement : il n’y a plus de première partie. Peut-être pour des raisons de budget, de Brexit, de temps, mais les premières parties de Peter Gabriel, avec les Blind Boys of Alabama, Sevara Nazarkhan ou Daby Touré, c’était quelque chose, et on les retrouvait sur le final, c’était une belle ambiance et une belle façon de mettre en avant des artistes Real World.

Je passe le début du concert sur le côté de la scène, j’ai l’autorisation de shooter les titres 2,3 et 4. Autour de moi, Tony Levin fait sur road diary (on peut même me voir dessus), les orange men s’activent, toujours présents, comme sur la tournée de 2003-2004 : plutôt que de cacher le plus possible les techniciens, ils portent tous une combinaison orange, et font partie du show, le travail de l’ombre est assumé et je trouve cela tout à fait légitime. Marina Moore, la violiniste et choriste, se prépare, Don-E, le claviériste est là aussi. Et sur scène, un orange man plus âge, bedonnant, caché sous un béret, nous explique en français l’importance de l’imagination, non sans une petite touche humaniste. Il quitte son déguisement et revient peu après, invitant son “vieux ami” Tony Levin sur scène. Ils s’assoient tout deux à l’étage le plus bas de ce qui ressemble à une sorte d’agora. Et en toute simplicité, il commence avec Washing of The Water. La voix de Peter est solide, il ne prend pas le risque de s’aventurer à froid dans les aigus comme en 94, ça a un autre charme, son grain de voix à 73 ans reste très émouvant.
La scène, comme toujours avec Peter Gabriel, est superbe, conçue avec la complicité du metteur en scène Robert Lepage, comme en 1994 et en 2003. Pour le moment, elle est plongée dans l’obscurité, pour un début de concert très intimiste. Très (trop ?) calme aussi, Peter comme toujours prend la parole avant chaque morceau, et s’exprime en français, parfois avec des notes, parfois sans, pour poser le contexte. Pour moi c’est ce qui fait le charme de ses concerts, il a une démarche derrière chaque titre et il se veut pédagogue. Mais ça peut agacer.
Tout le groupe monte sur scène pendant la fin de Washing Of The Water – le violon de Marina Moore et le violoncelle sur le final de Washing c’est pour le second morceau, en acoustique autour du feu, le patriarche conte ses histoires. Superbe mise en scène, un gigantesque écran circulaire est incliné juste au dessus, et represente la lune. Le morceau suivant est un étonnant choix pour de l’acoustique, c’est “Growing Up”. Et déjà, on ne peut que saluer les nouveaux venus : la trompette de Joh Shpak sur ce titre sonne comme une évidence. Manu Katché joue de la batterie électronique sur ses genoux. Au centre, Tony Levin à la basse et David Rhodes à la guitare acoustique, plus de quarante ans au service de Peter Gabriel au compteur. Au côté de Peter il y a aussi Richard Evans, le multi-instrumentiste qui officiait déjà sur la tournée Growing Up, il est méconnaissable mais quel plaisir de le revoir, ici à la mandoline. Don-E est un autre nouveau dans le groupe, au claviers. Et enfin, il y a Ayanna Witter-Johnson,aux choeurs et au violoncelle, révelation de la soirée.

Fin de la partie acoustique, les orange men investissent la scène pour débarrasser le décor, les instruments pendant que la chanson se termine petit à petit. Peter explique l’intention du morceau suivant, et, à 73 ans, on ne saurait le taxer de conservateur, son nouveau cheval de bataille, si l’on peut dire, est au coeur de l’actualité, et suscite beaucoup de questions : il s’agit des intelligences artificelles, ou IA, dont Panopticom, une nouvelle chanson, est le sujet. Peter Gabriel se démarque des prises de paroles autour de tout cela par des intellectuels mettant en garde contre la fin de l’humanité. Lui, éternel humaniste optimiste, y voit une opportunité d’accès égale à l’éducation et la santé dans les pays défavorisés, et cela ne manque pas de pertinence. Mais il s’est attiré les foudres de ses fans il y a quelques semaines en organisant un concours de création de clip pour une de ses nouvelles chansons. Les défenseurs de propriété intellectuelle, de la créativité artistique s’y sont opposé, ce à quoi Peter a répondu dans uen vidéo quelques chose qui disait, en substance “Les IA nous tombent dessus, c’est une révolution aussi importante que la révolution industrielle ou internet, autant jouer un peu avec pour voir comment c’est fait avant d’avoir un avis”. Attitude qui se défend.
Panopticom fonctionne très bien en live, c’est le premier titre que Peter à révélé lors d’une pleine lune, comme il y a 20 ans, donc c’est peut-être aussi plus facile de l’appréhender sur scène ne l’ayant un peu dans l’oreille, ce qui ne sera pas le cas de toute la setlist ce soir.
Four Kind of Horses est aussi un nouveau titre, mon préféré de ceux qui sont sortis. Il traite de l’intégrisme religieux, quel que soit sa forme, comment des esprits sont façonnés. Le morceau est superbement construit, le final est grandiose, on entends les arrangements de John Metcalfe, qui avait officié sur Scratch My Back, et déjà Ayanna Witter-Johson fait des merveilles aux chœurs. Marina y est plus discrète mais son violon est bien présent.
Je manque I/O et Digging On The Dirt à causes de sombre histoires de devoir ressortir du stade, courir à la consigne à l’autre bout pour y laisser le sac photo et revenir.
Quand j’arrive enfin à ma place c’est la fin de Playing for Time, autre titre dévoilà à l’occasion d’une pleine lune. C’est un titre calme, piano basse voix. Si vous connaissez Randy Newman, une idole de Peter, c’est tout à fait l’ambiance. La scène est chichement éclairée, les deux femmes, aux cordes très mises en avant, romantisent le morceau. J’ai eu du mal à l’apprivoiser lors de sa sortie, mais sur scène il reste sympathique, et Peter assure toujours bien au chant.
On continue avec un autre inédit, totalement inédit celui-ci, il s’agit d'”Olive Tree”. C’est du Peter Gabriel pur jus, qui commence sans rien réinventer,cependant la mélodie offre de beaux moments. Le refrain est très funky, la trompette de John Shpak fait penser à du Phil Collins fin années 80, mais ce n’est pas évident ce découvrir un morceau sur scène. J’ai hâte de pouvoir le réécouter. A la prochaine pleine lune le 4 juin ?
Encore un inédit ? Allons-y, c’est cette fois This is Home, qui s’ouvre sur un jeu de batterie reconnaissable entre mille tant Manu Katché y excelle. Ce morceau m’a moins emballé, sans surprises à la première écoute.
Un autre inédit ? Non allez ça fait beaucoup. Pourquoi pas Sledgehammer ? Et hop, le public est debout. Parce que oui, j’ai omis de le dire plus haut, mais c’est un concert ou tout le monde, même la fosse, est assis. Signe des temps, le public de Peter vieillit ?
Ca fait 6 fois que je vois Peter Gabriel en concert, ça fait donc six fois que je la voix en live, et… c’était peut-être la meilleure, grâce aux possibilités offertes par ce nouveau groupe : deux choristes, une trompette, le jeu funky de Don-E… on a les ingrédients pour une version assez sympa, et ça fonctionne. Le chant de Peter est encore une fois bien solide. Il bouge sur scène, on a même droit au pas de danse mythique entre Tony, Peter et David, y’a beaucoup moins de souplesse mais l’intention y est. A propos de ce fameux pas de danse, Tony Levin a récemment confié sur son journal de campagne que quand on les voit danser sur Sledgehammer, on croirait que c’est le fruit d’heures de répétition, mais il n’en est rien : c’est ancré dans leur cerveau reptilien.

Après un entracte d’une vingtaine de minutes, c’est reparti avec une nouvelle confugration pour la scène. L’écran circulaire est remonté et des panneaux verticaux translucides descendent à la place, au milieu de la scène. Et belle surprise de setlist, Darkness est de retour. J’adore ce titre, à l’ambiance rock industriel et au texte superbe. La mise en scène est brillante, ambiance film noir, Peter déambule en noir et blanc avec un chapeau noir, les cordes d’Ayanna et Marina s’ajoutent à la bande enregistrée, la tension dramatique est là. Sur le passage plus lumineux, les panneaux plus ou moins translucides offrent un spectacle très onirique. La mise en scène rend honneur au morceau.
Changement d’ambiance radical avec un autre nouveau morceau, inédit à ce jour, il s’agit de “Love Can Heal”. Les panneaux verticaux représentent maintenant de la pluie sur une vitre, le violon de Marina non plonge dans une ambiance mélancolique à souhait. Je n’ai pas pu saisir el sens des paroles à la première écoute, le son n’aidant pas, je pense que le morceau gagnera à être récouté. Il rappelle un peu “I Grieve” dans son ambiance.
Si “Love Can Heal” était mélancolique, voire somnolent, “Road To Joy”, encore un inédit est l’opposé. Et j’ai adoré ce morceau, je l’ai en tête depuis le concert, j’ai hâte d’entendre la version studio. Comme son titre l’indique, c’est plus joyeux, plus rythmé aussi. LA trompette lance les hostilités, sur un riff de clavier sur une note. Et la batterie s’y met pendant que Peter se balade avec son tambourin, chante sotto voce, puis à l’unisson avec Marina et Ayanna. Don-E est au clavier-guitare. Il s’avère que c’est un titre à la Sledgehamme ou un Steam, avec la proéminence de la trompette, qui assure le riff du refrain.  Tony a ressorti son chapman stick, la basse percute et la guitare de David Rhodes vrombit, cmme prête à surgir à n’importe quel moment. C’est funky, c’est joyeux, et surtout, ca reste dans la tête dès la première écoute, il sait encore y faire le Peter.
Ascenseur émotionnel encore, après cet hymne à la joie, il était temps de sortir un classique, c’est “Don’t Give Up” donc on rigole moins. Personellement j’ai meêm les larmes qui coulent. Ayanna délaisse son violoncelle pour assurer la voix féminine, après d’aussi illustres interprètes que Kate Buash, Sinead O’Connor et surtout la divine Paula Cole (Melanie Gabriel s’en était tiré avec les honneurs) Ayanna a été flamboyante. Plus à l’aise dans les graves que les très aigus, elle a apporté la chaleur de sa voix sur ce titre au potentiel émotionnel déjà puissant. Une magnifique version.
Autre nouvelle chanson avc “In The Court”, deuxième titre à avoir été révélé à une pleine lune. Un excellent morceau, même s’il commence comme beaucoup de chansons de Peter, avec une ligne de percussions complexe, mais ne tarde pas à trouver sa propre identité avec l’utilisation des silences, de passages dramatiques mais à la partie vocale moins convaincante. C’est aussi une chanson politique, sur un sujet qui tient à cœur à Peter Gabriel depuis son engagement auprès d’Amnesty International depuis les années 80.
Retour sur l’album “So” histoire de faire lever le public avec “Red Rain”, la mise en scène est encore une fois parfaite avec l’écran circulaire qui bascule et scintille en rouge vif, mais on se rassied bien vite pour le dixième inédit de la soirée, avec “And Still”, qui est le pendant maternel de “Father and Son”. C’est un titre sur le deuil, sujet que Peter avait déjà exploré sur I Grive, justement. C’est un très beau titre, à la mélodie mystérieuse et aux cordes vraiment splendides, mais l’écoute au casque d’une version studio sera plus à même de rendre honneur qu’au Stade Pierre Mauroy avec le son vraiment déplorable ce soir. Quel dommage.
Et si on allait piocher dans des albums d’avant “So” ? Eh bien non, restons sur “So” avec… “Big Time”. Le titre le plus dispensable de So… Bon ce n’est pas aujourd’hui que je vais me mettre à aimer ce titre.
Derniere inédit de la soirée avec “Live and let live”, à ne pas confondre avec “Live and let die” de McCartney. Ca sonne comme une chanson de fin de film, c’est lumineux, ce n’est pas désagréable à l’écoute, mais ce n’est pas mémorable à la première écoute comme un “Road To Joy”. J’ai du chercher sur youtube pour me rappeler de la chanson. Le final coloré est sympathique, là encore, la trompette est la bienvenue.
Mais ce n’est pas la fin, si on compte bien, il rste au moins trois classique indispensables sur un concert de Peter Gabriel. Allons y pour le premier, avec Solsbury Hill. Le public se relève, et filme, parce qu’apparemment filmer la chanson qu’on connait est indispensable pour pouvoir dire “J’y étais” au collègues de travail le lendemain matin en leur collant la vidéo (mal cadrée, où on entends les voisins chanter – mal)  sous le nez. Je ne vois que ça comme explications, et je compatis au millier de collègues qui on du subir ça le lendemain. Néanmoins la version de Solsbury Hill était très bonne, bien pêchue. Et c’est déjà le rappel, sans surprise on sait pertinemment qu’il y aura In Your Eyes, et on espère Secret World avant de terminer sur Biko. Ce sera presque ça.

Après avoir rendu hommage aux Orange Men, c’est parti pour In Your Eyes, qui, cette fois, n’avait pas de guest. Je crois que c’est la première fois que je vois ce titre “normal”, les autres fois il y avait toujours un Youssou N’dour ou un Daby Touré pour débouler sur scène. En comparaison c’est un peu… triste. Ayanna tente bien quelques vocalises mais ce n’est pas totalement convaincant. Le solo de piano de Don-E m’a laissé perplexe, très grave et sur une gamme assez triste, limite mineure, c’est pas très In Your Eyes.
Malheureusement, pas de Secret World sur cette tournée, mais bon on va pas pleurer, on a Big Time…
Le groupe revient une dernière fois pour le final emblématique de Peter Gabriel, avec Biko. Tony Levin lance le drone avec un scotch sur un La grave, et la chair de poule hérisse mes bras. Peter a pris des notes, et, sur ce titre symbole des luttes raciales, qui a forgé ma conscience politique lorsque j’ai découvert Peter Gabriel à 17 ans, il fait un état des lieux des luttes aujourd’hui, et dédie le morceaux aux activistes écologiques, 200 meurent dans le monde chaque année. Pour le peuple palestinien et pour les Rohingas, persécutés respectivement en Israël et en Birmanie, et enfin, pour tout ceux qui combattent le racisme. Et surtout il rappelle que chacun d’entre nous, ici ce soir, a le pouvoir de changer le monde. Je suis sceptique quand je vois le degré d’implication de la génération présente et l’état des lieux aujourd’hui, mais je crois toujours au message, c’est au tour de la jeune génération d’écouter Biko, ou d’avoir son hymne, et de changer les choses.
Beaucoup levèrent le poing ce soir, mais beaucoup restèrent assis, trop fatigués. D’autres partaient pour éviter les bouchons. N’est-ce pas une belle analogie de notre monde ?

Ce début de tournée I/O est très surpenant : La moitié du concert est consacré à des titres inédits, quelques uns sont sortis sur les plates-formes de streaming, mais encore faut-il avoir la curiosité de les découvrir. Le pari était risqué, et au final, je pense que chacun réagit différement, personellement je profite plus d’une chanson en live quand je la connais, et dans le cas d’artistes que j’écoute souvent que Peter Gabriel, que je connais même par cœur. Le grand public a été servi en titres de So – tout de même 5 – alors que Up et US n’ont eux que deux titres chacun. Après la soirée n’est pas extensible et le choix a été fait de livrer de la nouveautés aux fans, qui en réclament depuis 20 ans. Nous avons été servis, en abondance, mais il nous faut le temps de nous les approprier. On aurait bien aimé aussi un petit San Jacinto ou même un Secret World, mais le show urait déjà tout de même 2h20, et de toutes façons, les fans ne sont jamais contents.
Le groupe est exceptionnel, entre les Tony Levin, David Rhodes, Manu Katché et même Richard Evans, qui ont la musique de Peter Gabriel dans leur veines, et les petit nouveaux, l’enthousiaste John Shpak à la trompette, au cor français, et le violon de Marina Moore et le violoncelle d’Ayanna Witter-Johnson, il et elles ont dynamisé tout ceci avec des couleurs inédites, et c’est un réel plaisir.
Espérons que comme il y a 20 ans, après une tournée européenne, pour américaine, ils continuent dans leur élan avec un second tour…

Many thanks to Matt Osborne for his trust and the photo pass, nine years after the last one

Peter Gabriel à Lille : la setlist

Washing of the Water
Growing Up
Panopticom
Four Kinds of Horses
i/o
Digging in the Dirt
Playing for Time
Olive Tree
This Is Home
Sledgehammer
Entracte:
Darkness
Love Can Heal
Road to Joy
Don’t Give Up
The Court
Red Rain
And Still
Big Time
Live and Let Live
Solsbury Hill
Rappels:
In Your Eyes
Biko

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles en rapport