Masterclass de Sona Jobarteh sur la scène du Théâtre Raymond Devos dans le cadre du Tourcoing Jazz Festival, qui nous régale avec cette artiste et activiste britannico-gambienne.

Je ne connaissais pas Sona Jobarteh, mais j’ai été curieux, et j’ai bien fait. Le concert a lieu au théâtre Raymond Devos, cest la deuxième fois que j’y shoote après… le spectacle de mes enfants en CE1. C’est un très beau théâtre à l’italienne, avec fauteuils et moquette rouge de rigeur (et un plancher qui grince). Le public du Tourcoing Jazz est au rendez-vous, à la fois pour Grégory Privat, premier concert de la soirée, qui a su fidéliser son public avec son jazz ensoleillé, mais aussi pour la joueuse de kora gambienne, qui suscite une belle ferveur.

Grégory Privat

Le pinaiste martiniquais présente son dernier projet en date “Phoenix”, entouré du contrebassiste Chris Jennings et du batteur Tilo Bertholo. Grégory est au piano à queue, dont il joue assis, debout avec une main sur un clavier numérique, en chantant ou pas. Je suis assez peu client du jazz “pur”, il me faut un métissage rock ou blues pour que je trouve une prise pour accrocher. Ici je ne peux pas dire que je n’ai pas accroché : Grégory a une voix magnifique, qui me rappelle un certain Peter Gabriel dans les aigus, les morceaux plus rythmés accrochent l’oreille par moment, même si mon morceau préféré, Supernova, est calmissime. En fin de compte, le jazz reste difficile d’accès pour moi, mais la musique de Gérgory Privat mérite qu’on l’apprivoise.
Sur scène Grégory charme avec naturel son public. Il vit intensément son concert, et sait le partager.

Sona Jobarteh

A l’âge de 4 ans, encouragée par sa grand-mère, elle a commencé à apprendre la kora, traditionnellement jouée de père en fils par les griots. Le patriarcat dans toute sa gloire. Mais Sona était déterminée, et aujourd’hui, elle s’impose en ambassadrice d’une Afrique fière, et surtout de la Gambie, petit pays quasiment enclavé dans le SénégaL

La scène est débarrassée du piano à queue de Grégory Privat et de la batterie, mais elle reste très fournie : il s’avère que Sona Jobarteh est très bien entourée sur scène. En fond de scène, c’est Mamadou Sarr qui officie aux nombreuses percussions. Il chauffera aussi la salle avec un numero de percussions assez drôle ou il se lamaente du manque de sens du rythme du public, avec la complicité de Yuval Weltzer à sa gauche, à la batterie, et de l’indispensable Andy McLean à la basse : son groove est l’ingrédient secret pour accompagner la kora de Sona.
En front de scène, à la guitare classique et au chant, il s’agit d’Eric Appaloulay et de l’autre côte, c’est le jeune Sidiki Jobarteh-Codjoe, 17 ans, qui n’est nul autre autre que le fils de Sona Jobarteh. Lui a choisi le balafon comme instrument de prédilection, une sorte de xylophone avec des résonateurs en céramique dont le sorigines remontent au XIIème siècle.

Et enfin au centre, c’est Sona Jobarteh qui officie, avec un charisme incontesté. Elle allie l’élégance à la viruosité, mais aussi un activisme moteur de son art. Elle joue tantôt de la kora, bien sur, mais aussi de la guitare pour des morceaux qui, d’après elle pourraient être qualifiés de blues, mais qui ne sont juste que l’expression de son chemin de vie.

Music is the experience of life

Elle ne mets pas d’étiquette sur sa musique et ne se soucie guère qu’on la classe dans afro-jazz ou blues. Cette essence vitale qui alimente sa musique se ressent aussi bien sur scène que sur album, qui ne sont pas très nombreux – on retiendra “Fasiya” en 2011 et “Badinyaa Kumoo” en 2022.

Elle s’exprime dans un français impeccable entre les morceaux, et passe à l’anglais pour expliquer ses motivations artistiques aux concepts plus abstraits, mais néanmoins intéressants. Sona est passionante à écouter, aussi bien quand elle joue que lorsqu’elle expose sa vision de l’enseignement en afrique, qui doit être souverain et non européanisé.

Le public enfin, est particulièrement attentif et certains sont très enthousiastes avec uen énergie très communicative, qui fait qu’il s’est passé quelque chose pendant ce concert, une indéfinissable communion derrière Sona et sa musique. Les “Gambia ne Ma” scandés avant un rappel en duo mère fils étaient particulièrement intenses.

Une magnifique découverte, sans doute le plus beaux des concerts que j’ai pu faire lors de ce Tourcoing Jazz Festival.

Sona Jobarteh au Tourcoing Jazz Festival : la setlist

Jarabi
Mamamuso
Nna Kangwo
Musolou
Ballake
Dundo
Gambia

Rappel
Bannaye

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