Quelques semaines après la sortie de leur dernier album “Both Ways Open Jaws” et 3 ans après le succès mondial de “A Mouthful”, leur premier album, The dø est enfin de retour en France. Après les avoir vu à l’Olympia en 2008, les voilà à l’Aéronef pour une nouvelle tournée, avec un effectif revu à la hausse – 6 sur scène !

L’Aéronef n’est pas plein, curieusement ce soir, l’étage n’est pas ouvert. Le public ne se presse pas pour voir la première partie, mais la bière coule à flots. Il fait 25 ° dehors, le Lillois  a soif.
Random Recipe, qui assure la première partie, est un groupe quebecquois de rap/pop un peu bizarre, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais c’est énergqiue et quelques morceaux sont vraiment sympas. Le groupe est emmené par un duo de chanteuses; l’une rappe, l’autre a une voix très “soul”, le mélange des genres est surprenant, mais pas désagréable.

La scène est débarrassée, et la vérification des instruments pour the dø prend pas mal de temps, mais le nombre d’instruments sur scène est plutôt inhabituel: des claviers, des guitares, une basse, une batterie, mais aussi une sorte de xylophone, un saxo, des percussions, un trombone…
A 21h30 le concert commence enfin. Scène rouge sombre, les musiciens arrivent. Olivia, en débardeur – tutu rouge – collants bariolés est coiffée d’un haut de forme rouge, croisement improbable entre Slash et Willy Woncka. Ils commencent à interpréter calmement “The Calendar” un morceau de leur dernier album qui me fait penser à une version baroque d’une chanson de saloon. Les lumières s’allument progressivement, Dan, le “d” de “dø” est au claviers pendant qu’Olivia – oui, le “ø” – chante dans un porte voix illuminé.
Ce qui est frappant sur scène avec the dø, c’est que ce n’est pas un groupe qui joue le album à la note près. Il font beaucoup d’expérimentations, de changements, de brins de folie en plus… bien que je trouve qu’ils se sont un peu assagis de ce côté par rapport à il y a 3 ans, mais pour leur défense, c’est le début de la tournée.
Le morceau suivant par exemple, un des meilleurs de “Both Ways Open Jaws” : “Gonna Be Sick” : Olivia chante quasi à capella l’intro du morceau, uniquement accompagné par la batterie et la basse de Dan qui font un rythme bluesy. C’est très malin, parce que le contraste avec la voix d’Olivia est saisissant lorsque le reste du groupe la rejoint et qu’elle chante la chanson plus normalement : sa voix claire éblouit nos oreilles. Elle fait partie de cette catégorie qu’on nomme  – à tort, à mon humble avis – les voix de femme-enfant. En fait c’est plus une catégorie de voix qui peut agacer parce qu’elle sort des sentiers battus, mais qui a d’indéniables qualités. Et sur cet album notemment, Olivia va plus loin, la pousse dans ses retranchements, la rends parfois très blues, très soul, même rauque…
Autre morceau du dernier album “Too Insistent”, qui est un bon résumé de “Both Ways Open Jaws” : the dø n’a pas choisi la facilité: ils auraient très bien pu sortir un album comme les médias attendaient, pourquoi pas une nouvelle musique de pub, copier coller, ça marche on remplit les salles.
Non.
the dø a passé du temps pour peaufiner leur album, rempli de petits détails qui ne le rendent pas si accessible que ça aux premières écoutes. C’est un pari risqué, mais louable. Parce qu’au final, ce sont ces détails qui rendent l’album intéressant et qui fait qu’on ne s’en lasse pas au bout de 4 écoutes. Comme sur “A Mouthful” c’est hétéroclite, on y retrouve des morceaux plus pop comme “Too insistent” avec les chœurs qui rappellent “Playground Hustle”, un purement électro (“B.W.O.J.”), un autre a base de percussion japonaises (“Slippery Slope”), une berceuse… c’est là leur force : la diversité.
“Slippery Slope” justement, se retrouve doté d’une intro au saxo (joué par Dan)… l’effet visuel est excellent; la scène est sombre et un rayon de lumière vive sort du saxo. Le rythme tribal démarre ensuite pour un autre excellent titre de “Both Ways Open Jaws”.
Vient le moment qui m’agace : le public qui siffle (mais de contentement), qui crie, qui en fait des caisses pour “On My Shoulders” qui est loin d’être le meilleur titre de the dø à mon avis. Olivia chante l’intro a capella avant d’être rejointe par le groupe. Sympa, mais sans plus.
“The Wicked And The Blind” est beaucoup plus intéressant, déjà parce que c’est un des milleurs titres de “Both Ways Open Jaws”, mais en plus sa réorchestration live est très bonne. Saxo et trombone rejoignent la guitare et la basse, ça donne une ambiance… particulière. Là encore c’est une superbe prestation d’Olivia, dans les graves sur les couplets, dans les aigus sur le refrain. Le tout avec un phrasé dramatique. Un grand moment.
Vient ensuite LA déception pour moi. Au concert de Paris en 2008, ils nous avaient joué une chanson inédite, qui avait été pour moi le highlight du concert : “Bohemian Dances” : une mélodie simple, mais une ligne de batterie et de percussion terrible, c’était du grand art.
Puis “Bohemian Dances” est sorti sur leur dernier album… beaucoup plus calme, exit la batterie démente. Bien sur il y en a toujours, mais ce n’est plus la même ambiance. J’espérais retrouver un peu cette énergie en live, mais non, ils restent sur un morceau plutôt hypnotique. Attention : c’est très bien, la mélodie reste une superbe trouvaille, la participation du public à la fin aussi. Mais.. comme dirait Francis, “c’était mieux avang”.
“Leo Leo” est très – trop – calme, sur l’album comme en live, où, pour une fois je n’ai pas entendu beaucoup de différences avec la version studio.
On reste dans une ambiance calme, du moins au début pour “Smash them All”. Ce morceau, qu’on avait pu découvrir lui aussi lors de la tournée précédente avec Olivia, seule avec sa guitare sur la scène de l’Olympia alors qu’elle jouait ce morceau pour une des premières fois en live. Le bébé a bien grandi depuis et c’est devenu un morceau en crescendo avec un final assez furieux.
D’ailleurs il me faut parler du guitariste, qui est exceptionnel. Il a un jeu vraiment particulier, très coloré. En me renseignant sur le net j’ai découvert qu’il était bassiste mais qu’on lui a donné 2 cordes de plus pour cette tournée. Excellente idée.
On continue sur la lancée avec Olivia qui asticote le public avec des “Aha” interrogatifs… mais oui avec plaisir ! “Aha” est un très bon souvenir en live (et sur l’album ” A Mouthful”). A chaque fois que j’entend ce morceau, et encore plus en live, j’ai l’impression d’une chevauchée sauvage, on suit comme on peut la basse frénétique de Dan et le chant d’Olivia qui ne l’est pas moins. Le public suit bien la cadence, c’est assez intense. Aha ?
Ils jouent ensuite une reprise “Tightrope” que je ne connaissais pas. Ca ne pas fait une grande impression, mais le duel “guitare basse” beaucoup plus, Dan éclaire le visage du guitariste avec la lampe fixée sur la tête de sa basse. Un vrai duel, mais je pense que le guitariste a gagné. Sur le final il va jusqu’à faire son Gilmour ou son Hendrix, la guitare a terre, et lui a genoux devant, tripotant les pédales d’effets.
Pour le dernier morceau, et parce que même si c’est un groupe parisien, ils sont quand même vachement cool, the dø invitent sur scène la première partie “Random Recipe” pour venir avec eux dans cette aire de jeu qu’est la scène pour “Playground Hustle”. Un joyeux foutoir tous ensemble pour nous jouer une version à mi chemin entre l’original est le remix. Et une superbe façon de terminer d’ailleurs.
Oui c’est déjà fini, enfin, il reste les rappels mais j’ai trouvé ça court… en parlant de rappels, pour commencer c’est une minute de pure beauté, malgré un public qui a trop chaud et qui crie beaucoup trop alors qu’Olivia et les deux choristes se partagent un micro pour chanter en harmonique et a capella s’il vous plait, “Moon Mermaids” du dernier album… Un moment de grâce avant d’enchaîner sur “Dust It Off” de “Both Ways”, là encore un morceau qu’ils jouent depuis un moment sur scène puisqu’on l’avait déjà entendu à l’Olympia.
Et, après une nouvelle salve d’applaudissements, ils reviennent une dernière fois pour un sympathique “The Bridge is Broken” là ou j’aurais plus vu “Stay (just a lillte bit more)” qui aurait été de circonstance, mais je fais ma fine bouche.

The dø basse avec brio le cap du deuxième album. Plusieurs années en tournée aux 4 coins de la planète suite à “A Mouthful” les ont rôdés, et, même si je n’ai pas retrouvé le brin de folie qu’ils avaient la dernière fois, c’était un sympathique concert, et j’ai hâte de les revoir, juste histoire de voir comment va vieillir leur dernier album… Et d’éventuels nouveaux morceaux d’ailleurs.

The dø : la setlist

The Calendar
Gonna Be Sick!
Too Insistent
Slippery Slope
On My Shoulders
The Wicked & The Blind
Bohemian Dances
Leo Leo
Smash Them All (Night Visitors)
Aha
Tightrope
Playground Hustle
Rappels:
Moon Marmaids
Dust It Off
Rappel suite:
The Bridge Is Broken

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